Affichage des articles dont le libellé est Aventure. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Aventure. Afficher tous les articles

22 janvier 2011

La rivière (Paso del Viento 6)

A peine réveillé, je retourne sur la plage pour mesurer le niveau de l'eau. Il me semble avoir baissé d'environ 10 ou 15 cm. C'est très net : le ruisseau où nous avons fait la vaisselle la veille n'existe plus.

Vidéo de la rivière au niveau au pont (cassé) :

Nous petit-déjeunons avec nos dernières provisions, préparons les sacs et retraversons la forêt à la recherche d'un passage. Cette fois ci nous traversons avec les chaussures et nous nous enveloppons les pieds et les jambes dans des couvertures de survie avec le collant thermique par dessus pour faire tenir le tout sans offrir trop de prise au courant. Si le courant est trop fort nous ferons demi-tour immédiatement. En cas d'échec nous avons toute la journée pour attirer des secours mais plus de provisions.
Finalement nous passons ! J'ai filmé la traversé avec les lunettes d'espion. La technique des couvertures de survie s’avère ultra efficace. De l'autre côté le vent souffle toujours particulièrement fort (comme promis par la météo).
Après avoir bien essoré les chaussures, nous repartons (impossible de les sécher car il pleut). Le vent est contre nous mais à cette altitude ce n'est plus un problème. Nous arrivons au petit port où il y a bien un zodiac amarré, mais personne. Des voitures viennent, admirent le paysage quelques secondes puis repartent. A cause du froid et du vent les gens ne sortent même pas de la voiture ce qui explique le curieux manège observé par Vineta la veille.
Nous marchons sur la route et finalement la 5ème voiture qui passe nous prend en stop. Ce sont des français très sympa à qui je raconte notre aventure en chemin. Ils nous déposent en ville et nous offrent même des cerises !!


Cliquez ici pour voir le diaporama complet de cette aventure.

21 janvier 2011

A la boussole à travers la pampa (Paso del Viento 5)

Au matin la pluie laisse la place au soleil ce qui nous permet de tout sécher.

P1090411

Nous rationnons les provisions, prenons le petit déjeuner puis nous mettons en route. Il n'y a plus de sentier et nous essayons de rejoindre le bord du lac que nous devons longer. Mais il faut d'abord contourner un marécage et traverser une petite rivière en improvisant un pont primitif pour ne pas se mouiller les pieds.

P1090425
Finalement le lit d'une rivière sèche nous permet de traverser la zone marécageuse et nous amène au bord du lac. Nous le longeons et au bout, un chemin est censé partir vers le nord mais, ne le trouvant pas, nous nous en passerons pour le reste de la journée. Après avoir marché vers le nord un moment, nous continuons N-NE à travers la pampa en visant le passage le moins haut entre les collines. Le vent est très fort (comme l'annonçait la météo à 4 jours avant notre départ) mais n'étant plus en altitude, ce n'est pas un danger. Après un moment nous décidons qu'il est temps de bifurquer à l'est et effectivement nous sommes bloqués par un marécage, devons revenir en arrière pour trouver un passage, et en trouvons un… vers l’est ! Les trous de bâtons dans les vieilles souches sur lesquelles nous traversons sont les premiers signes que nous sommes sur le bon chemin. Nous continuons à la boussole, bientôt le lit profond d'une rivière sèche nous oblige à bifurquer de nouveau. Dans l’après midi, nous arrivons enfin en vue de notre destination... et du dernier obstacle à passer : la rivière !
P1090453

Elle est beaucoup plus large que la précédente et elle se divise en une multitude de bras avant de se jeter dans le lac. Il y a deux îles principales qui nous empêcheront de voir l'autre côté si nous décidons de traverser à leur niveau.
Vineta a très faim, nous avons rationné la nourriture : il nous reste deux repas et un petit déjeuner. Mais comme nous n'avons plus de pain nous avons prévu de la purée pour ce midi, seulement avec le vent violent qui souffle, impossible de faire chauffer de l'eau. Nous descendons. Finalement nous trouvons au bord de la rivière ce qui reste de la tyrolienne ou du pont, cassé.

P1090461

Le courant est très fort partout. Nous longeons le rio jusqu'à une petite forêt où, abritée par les arbres, Vineta prépare le déjeuner pendant que je traverse la forêt. De l'autre côté je trouve une plage qui borde le lac et juste en face un petit port. Je me dis qu'ils ont bien un zodiac, ou qu’un pêcheur pourrait venir nous chercher. Après déjeuner nous nous installons sur la plage et préparons du bois pour faire un feu comme des naufragés et tenter d'attirer l'attention d'un bateau. Nous allons chercher du petit bois mais la pluie et surtout le vent ne se calment pas et, sans abri sur la plage, il est impossible de faire un feu. Nous utilisons les couvertures de survie pour faire des signaux.
La première sur les sacs, seul endroit visible où elle n'est pas immédiatement arrachée et déchirée par le vent violent, et la seconde sur nous pour faire des signaux.

P1090468

Finalement un gros bateau s'approche puis fait demi-tour en nous voyant. Nous pensons que des gens vont venir avec un plus petit bateau. Vineta observe en face une voiture au comportement étrange : elle fait sans arrêt des allers-retours jusqu'au port. S’agit-il des secours appelés par le bateau ?
Finalement il est tard et nous installons notre campement à l'abri du bois en laissant de petits morceaux de couverture de survie pour baliser le chemin au cas où quelqu'un viendrait nous chercher.
Si nous sommes toujours là demain matin, nous tenterons une traversée car la rivière (c'est la même que nous avons déjà traverse qui part du glacier et traverse le lac) sera plus basse.
Même si nous avons envie de nous mettre au lit directement, nous dînons pour avoir des forces le lendemain.

20 janvier 2011

La grande boucle (Paso del Viento 4)

Nous nous réveillons à 6h avec un beau soleil mais des nuages à l’horizon. Que faire ? Rentrer par le  chemin que nous connaissons bien maintenant ? Où bien poursuivre l’aventure en faisant une grande boucle par le col Huemul, cette partie du chemin beaucoup moins fréquentée et mal indiquée mais qui est très jolie parait-il. Nous décidons de continuer. Les risques : se perdre ou se retrouver bloqués par une énorme rivière. Mais cette fois-ci nous ne partirons pas sans carte : je recopie celle qui est accrochée sur la porte du refuge.

Nous voici en chemin pour un refuge indiqué sur la carte à 1 journée et demi de marche d’ici. Nous partons à 8h ce qui nous laisse suffisamment de temps pour arriver le soir même et, en cas de problème, un site de camping est indiqué à 1 jour d’ici (étrangement situé au sommet d’une montagne).
Au début le chemin est clair mais bientôt il disparaît. Photo : je suis à la recherche du chemin.
P1090300
Nous allons jusqu’à un petit lac indiqué sur la carte où nous perdons la trace du sentier, mais après un moment d’observation nous comprenons que le chemin ne peut passer que sur le flanc de la montagne en face. En effet nous le retrouvons et continuons en longeant l’immense glacier Viedma à notre droite.
P1090308
Vers midi, nous marchons sur un petit sentier à flanc de montagne au bord d’une pente très raide faite d’éboulis. Le vent commence à souffler fort et soudain Vineta pousse un cri : le vent a failli la faire tomber. Il se met à souffler en rafale violentes. Nous attendons un peu et progressons prudemment pour essayer de nous sortir de là. Mais le vent semble forcir et le chemin grimpe de plus en plus au bord d’une pente très raide. Vineta est fatiguée et veut faire une pause. J’insiste pour continuer un peu car l’endroit est dangereux. Rien n’indique que le vent va se calmer alors après une courte pause, nous continuons comme nous pouvons espérant arriver sur un autre versant plus protégé.

Le chemin continue de grimper sur des éboulis puis disparaît. Un dernier coup d'œil en arrière sur le glacier Viedma :
P1090338
Nous continuons à monter pour nous mettre à l'abri. Au sommet nous trouvons une sorte de cratère dont le fond est légèrement abrité. D’après la carte, le premier se trouve ici mais il n’y a rien et ce n’est pas suffisamment abrité, il est hors de question pour nous de dormir ici. Nous recherchons des signes du chemin en vain. Mais nous devons à tout prix trouver une voie pour redescendre de cette montagne avant que le vent ne se lève pour de bon, d’autant plus que la météo sur 4 jours annonçait un vent particulièrement violent pour demain ? Est-il arrivé en avance ?

Nous explorerons les nombreuses collines du cratère et essayons de grimper au bord mais le vent est tellement violent qu’il est impossible de se tenir debout proche du bord, je n’ai jamais vu un vent aussi fort ! Nous avançons prudemment, prêts à nous jeter au sol à tout moment pour éviter d’être emportés. Nous ne trouvons rien, ni lieu de camping, ni indication du chemin. Et si le vent est aussi fort il est de toute façon impossible de descendre ni de camper ici. A ce moment précis je commence pour la première fois à être vraiment inquiet ! Mais il est 14h et nous avons encore le temps de trouver une solution.

Notre carte et la boussole nous permettent d’identifier une possible voie de descente. C’est une sorte de canyon rempli d’éboulis et exposé aux chutes de pierre des deux côtés. Cela nous semble trop dangereux pour être le chemin mais nous continuons malgré tout pour être sûrs, de plus le vent y souffle moins fort. Un peu plus bas nous trouvons un peu de végétation et une vue magnifique sur le glacier et le lac.
P1090332
Mais au bout nous nous retrouvons en haut d’une falaise. Cette voie qui partait dans la bonne direction bifurque pour terminer vers l’est à 90° de l’orientation recherchée. Nous rebroussons chemin mais cette fois nous avons pu nous orienter grâce à la vue sur le lac et nous en déduisons la direction de la bonne voie. Une heure plus tard, c’est gagné, nous retrouvons le chemin et entamons la descente sur un versant abrité ! La vue sur l'autre versant :
P1090344
Nous passons devant un lieu de camping non indiqué sur la carte ou nous pourrons nous replier en cas de problèmes (comme le second jour avant la traversée du glacier) ce qui est rassurant. Nous perdons encore le chemin mais la vue dégagée sur la vallée nous permet de le déduire facilement. De là nous pouvons observer le bord du glacier et de gros blocs de glace bleue flottant à la surface du lac.

Descendus de la montagne nous pensions être en sécurité, mais le chemin traverse une sorte de maquis, et devient de plus en plus raide.
P1090373
Le sol est sec et érodé ce qui rend la progression difficile car on glisse beaucoup mais c’est toujours mieux que s’il pleuvait
P1090388
A la fin c’est carrément de l’escalade.
 P1090397
Il y a moins de vent et il fait moins froid à mesure que nous descendons. Bientôt nous apercevons la péninsule à la base de laquelle se trouve le refuge où nous allons.
P1090402
Après quelques heures de descente prudente sur une pente raide, nous arrivons enfin en bas. La vue sur le glacier est magnifique.

Bientôt il se met à pleuvoir et nous traversons une sorte de pampa marécageuse, nos affaires sont vite trempées. Mais nous touchons au but, le refuge devrait être tout proche et nous pourrons nous y sécher.

Le problème est que cette péninsule qui paraissait si petite et si plate vue d'en haut est en réalité plus grande et vallonnée. De plus, le sentier se divise en une multitude de directions et nous sommes bientôt perdus. La journée a été longue, nous sommes fatigués et trempés. Je laisse mon sac à Vineta pour partir à la recherche de ce refuge ou nous pourrons nous sécher. Je grimpe sur chaque colline de la péninsule mais au bout de 2h je dois me rendre à l’évidence : le refuge n'existe pas !

Nous campons, tous mouillés et, pour la première fois, nous cuisinons sous la tente fermée. C'est une opération délicate car la tente est minuscule est l’abside abrite déjà nos énormes sacs.

19 janvier 2011

Le Paso del Viento (3)


Le lendemain, il fait beau malgré une très légère pluie et beaucoup de vent. Nous avons une vue magnifique sur le glacier. Nous replions le matériel, préparons le petit déjeuner et les sandwichs pour la journée. Soudain un groupe de 12 personnes apparaît là où nous ne l’attendions pas du tout. C'est donc là que passait le sentier que nous n’avons pas trouvé la veille ! Nous les observons attentivement monter sur le glacier. Puis nous leur emboîtons le pas et marchons pendant 45 minutes sur le glacier.

P1090070

Cette voie est beaucoup plus facile que celle de la veille ! De retour sur la roche, le sentier est bien plus clair. Nous dépassons le groupe qui fait une pause, grimpons et continuons tranquillement jusqu’à une paroi abrupte d’éboulis. De là nous dominons un lac et un petit glacier :P1090106

Après un moment d'ascension, cela nous semble dangereux et nous préférons redescendre pour contourner cette partie de la montagne par un chemin beaucoup plus long mais plus sûr. Nous apprendrons plus tard que le premier sentier abrupte était le bon mais mieux vaut être trop prudent. Nous voici de nouveau en train de progresser hors du chemin classique à la recherche d'un cairn ou d'un sentier de ce côté moins rocailleux et beaucoup plus vert :
P1090136

La carte indiquait qu’il fallait passer un col, nous grimpons donc et arrivons bientôt au sommet. La vue est magnifique. On voit très loin dans la vallée tout le chemin que nous avons parcouru : la montagne, le glacier, la rivière que nous avons traversée, le lac que nous avons contourné et les collines boisées derrière lesquelles se trouve la ville :
P1090162
Nous continuons encore un peu, le vent est très fort au moment de traverser le col, et Vineta s'amuse à se faire déséquilibrer par le vent :
P1090171
Nous arrivons à un petit lac dont la surface est modelée par le vent. (vidéo à venir)
P1090173
Encore quelques mètres et nous arrivons en vue de l’autre versant. C'est spectaculaire : d'ici nous dominons tout le glacier Viedma qui s’étend à perte de vue.
P1090207
P1090199

Nous retrouvons là le groupe que nous avons suivi un peu plus tôt. Pendant que les touristes prennent leur photo à 500$, leur guide vient nous parler. Il nous conseille de continuer jusqu’au refuge qui se trouve un peu plus bas puis il rebrousse chemin avec son groupe. L’autre possibilité serait pour nous également de rentrer mais nous décidons de continuer jusqu’au refuge. Les indications du guide sont assez simples : descendre puis progresser vers la gauche sur le flanc de la montagne en suivant une rivière. Mais après une heure de marche nous ne trouvons toujours pas de sentier. Depuis chaque nouveau point haut, nous scrutons l’horizon à la recherche de ce qui pourrait être un refuge. Nous croyons souvent apercevoir un toit mais ce ne sont que de gros rochers. Finalement nous arrivons à un sentier.
P1090225
Nous sommes rassurés mais sans carte nous ne pouvons qu’espérer ne pas avoir déjà dépassé le refuge. Et enfin, au bord d’un lac et d’une rivière, nous voyons finalement apparaitre le refuge tant désiré !
P1090258
C’est une cabane en tôle avec un toit rouge relié au sol aux 4 coins par de solides câbles métalliques. Nous sommes d’abord surpris car l’endroit semble abrité et il n’y a pas trop de vent à notre arrivée, mais lorsqu’il se lèvera dans la nuit, nous comprendrons que ce n’est pas du luxe. Il y a une petite fenêtre et à l’intérieur deux grands plans de bois superposés pour faire des lits, une table, 2 bancs et une petite étagère. Nous sommes seuls et les précédents occupants ont laissé un petit carnet avec des mots très sympa et de petits objets symboliques comme la mini bouteille de champagne de quelqu’un qui a fêté le nouvel an ici. C’est du grand confort pour nous même s’il fait très froid. En plus, la rivière se trouve juste devant la porte ce qui est vraiment pratique car nous n'avons pas à nous geler longtemps pour aller filtrer de l'eau et pour faire la vaisselle.P1090245
Le vent fait un bruit terrifiant et les murs tremblent toute la nuit. Mais cela ne nous impressionne pas - surtout après la nuit précédente - car nous savons que nous sommes en sécurité. Nous dormons très bien.

18 janvier 2011

Une nuit au pied du glacier (Paso del Viento 2)


Nous ne sommes prêts à partir que vers 14h ce qui fait très très juste pour arriver au premier refuge avant la nuit. Nous décidons quand même de partir et juste à ce moment là, une silhouette familière arrive au camping : c’est Romain dont nous n'avions plus de nouvelles depuis Pucon (le volcan). Il ne viendra malheureusement pas avec nous mais nous accompagne jusqu'à la rivière pour nous prendre une dernière fois en photo.

Nous allons ensemble jusqu’à la laguna Toro, nous la contournons et arrivons à la rivière qui l'alimente. L'eau vient directement du glacier tout proche et elle est gelée !P1080971

1ere difficulté : traverser une rivière glaciale

La tyrolienne est HS et le seul moyen de passer est de traverser pieds nus dans l'eau glaciale.
P1080970
Nous nous déshabillons dans le froid et le vent, puis nous marchons pieds nus sur les cailloux piquants. Le premier contact avec l’eau est douloureux comme une brûlure, puis bientôt les pieds sont insensibilisés et difficiles à contrôler. L’eau mouille mon caleçon et monte jusqu'au bas du sac à dos de Vineta. Même à l’endroit le plus large, le courant est très fort car il a plu la veille. Nous avançons en nous aidant des bâtons et fermement accrochés l'un à l'autre par un bras. Le courant nous déstabilise et nous emporte presque mais nous résistons.

A peine arrivés de l’autre côté, nous jetons les affaires par terre, nous nous séchons et enfilons les jambes dans nos duvets. L’eau chaude préparée ce matin dans nos poches à eau nous réchauffe comme une bouillotte. J’ai les pieds insensibilisés mais pas Vineta qui se rhabille immédiatement.

Cette première épreuve passée, nous ne sommes complètement rassurés qu’après nous être assurés qu’il n’y a pas un autre bras de rivière à traverser.

2ème épreuve : l’escalade

De l'autre côté de la rivière, nous cherchons des indications du sentier… en vain ! Nous sommes bloqués par un pic rocheux. Nous entreprenons de l’escalader par différents endroits mais rebroussons chemin à chaque fois en nous disant que c'est trop dangereux pour être le sentier.

Nous essayons de consulter la carte sur l’appareil photo mais l’écran ne s’allume pas. Il y a comme de grosses flaques dans l’affichage. La veille j’ai séché les circuits mais je pas imaginé que de l’eau s’était infiltrée jusqu’à l’intérieur de l’écran. Cela fait un moment que nous cherchons en vain le chemin et il est vraiment tard, si nous voulons arriver nous ne pouvons plus perdre de temps et nous devons absolument consulter cette carte. Me voici donc sur une paroi rocheuse en train de démonter l’écran avec la lame du couteau suisse sous le vent et la pluie pendant que Vineta prépare des sandwiches. Cette fois ci les LED du retro éclairage semblent mortes. Je remonte le tout vite fait. Fatigués de rechercher le bon chemin, nous escaladons finalement le rocher droit devant nous. Nous arrivons à un pont de glace.

Le pont de glace semble trop fragile, nous préférons ne pas nous aventurer dessus. L’alternative serait d’escalader la falaise rocheuse juste à côté mais elle est vraiment raide.
P1080975
Nous faisons demi-tour encore une fois pour escalader un peu plus loin et finalement arriver – par le mauvais chemin certes – au pied du glacier.
P1080984
Nous longeons le glacier pendant une heure en marchant sur des éboulis instables. Il est très improbable que ce soit le bon chemin mais nous y avons vu des cairns.
P1080993
Finalement il est tard car nous avons perdu beaucoup de temps à chercher le chemin. Nous arrivons à un point où il serait vraiment dangereux de continuer, alors nous rebroussons chemin et installons le campement dans un endroit que nous avions repéré juste avant le glacier, abrité des chutes de pierres, du ruissellement et du vent… sauf celui venant du glacier !
P1090040
Je construis un muret de pierre tout autour de la tente, creuse de grandes rigoles et bloque chaque piquet sur une grosse pierre.
P1090050
Nous mangeons et nous mettons au lit. Je vérifie au calme les circuits de l’appareil photo mais le rétro éclairage est réellement mort. J’extrais l’écran et, en plaçant une lampe frontale derrière, nous pouvons consulter la carte. Nous comprenons alors qu’il fallait grimper sur le glacier beaucoup plus tôt plutôt que de le longer sur les éboulis. Vineta s’endort pendant que je remonte “proprement” l’appareil.

La nuit, le vent souffle en rafales impressionnantes suivies par des moments de calme. Pas franchement rassuré, je n’arrive pas à m’endormir. Le vent est de plus en plus fort et la tente est secouée très violemment. Je trouve enfin un peu de sommeil grâce à des bouchons d’oreille. En cas d’urgence, Vineta me réveillera. Vers 4h du matin le vent souffle de façon quasiment continue. La tente, solidement entourée de pierres ne peut pas s’envoler mais pourrait se déchirer ou l’armature se briser étant donne la violence incroyable du vent. Mais elle tient bon !

Par contre il fait froid, très froid car la tente est tellement agitée qu'il est impossible d'y conserver l'air chaud même en la calfeutrant. C’est ce qui me réveille !

17 janvier 2011

La laguna Toro (Paso del Viento 1)

Nous partons de bonne heure pour la laguna Toro d’où part le fameux trek non balisé du "Paso del Viento", le plus beau point de vue sur la région. Le sentier part de la cabane des guardaparque où nous passons de bonne heure pour faire enregistrer notre départ et demander une carte. Ils ne sont pas encore là, alors nous les attendons en prenant le petit déjeuner devant leur cabane.

P1080943

Malheureusement les guardaparque n’ont pas de carte, nous nous contenterons donc de la photographie de la carte faite la veille. Ils se montrent plutôt décourageants en insistant sur les difficultés de cette randonnée non balisée mais nous donnent finalement l'autorisation de partir.
Le sentier est indiqué pour 7h de marche. Au début nous allons deux fois plus vite et prenons même le temps de grimper en plus jusqu’à un mirador d'où nous ne verrons malheureusement que des nuages.

P1080949

Bientôt nous apercevons notre destination : tout au fond à gauche sur la photo on aperçoit le glacier, un lac en dessous. Notre camping est au bord de la rivière, un peu avant le lac.

P1080959

La seconde moitié du trajet se fait sous une pluie torrentielle. Chaque ruisseau prend des proportions énormes et devient un obstacle à traverser. Lorsque nous arrivons au campement, nos sacs et nos chaussures sont trempés et l’appareil photo a pris l’eau. Nous installons la tente sur un sol imbibé d’eau et creusons difficilement des rigoles dans un sol plein de racines. Nous dînons dans la tente toutes nos affaires étant mouillées. Le lendemain avec un peu de soleil et beaucoup de vent et nous passerons la matinée à tout sécher.

03 septembre 2010

Panique !

Peu après avoir quitté le camp, nous apercevons d'autres humains. Nos amis Laura et Andrew qui ont eu la drôle d'idée de partir avec leurs lecteurs mp3 ont peur de se les faire voler et Walter renvoie Lucio au camp pour surveiller les affaires et préparer le déjeuner.
Nous continuerons donc avec lui seul. Mais après quelques heures je vois son niveau de stress augmenter : d'abord il parle moins, puis il commence à marcher de plus en plus vite. Quand il commence à changer de direction, il n'y a plus de doute, il est perdu, nous sommes perdus dans la jungle !!

Nous sommes partis légers comme nous l'a conseillé Walter. Sans nos poches à eau et notre filtre car il était sensé "s'occuper de tout". Nous avons pris seulement une petite bouteille d'eau pour cette promenade de quelques heures.

Partis de bon matin, nous commençons à regarder le ciel avec crainte en nous demandant quand va tomber la nuit. Difficile d'envisager de dormir sans moustiquaire. Il faudrait faire un feu tout autour de nous, mais s'il pleut...
J'ai été bien inspiré d'acheter un guide de survie et de le lire pendant les longues journées en bateau !

Nous épuisons vite nos petites bouteilles d'eau. La marche de plus en plus rapide, la chaleur, les vêtements longs à cause des moustiques, les bottes non respirantes, la transpiration... La bouche sèche, les premiers maux de tête, la fatigue, peu d'urines mais foncées, ce sont des signes de déshydratation.

Walter avance de plus en plus vite. Vineta qui était déjà un peu malade a du mal à suivre et je m'inquiète pour elle. Je propose de faire une pose. Walter ne veut pas s'arrêter et propose de foncer devant puis de revenir nous chercher. Andrew a peur qu'il ne puisse pas revenir et Laura ne veut pas rester derrière. Vineta courageuse décide de continuer et nous ne feront pas de pause.
Andrew qui est le dernier à avoir de l'eau l'offre généreusement à Vineta sous le regard effrayé de Laura qui se dit qu'on n'aura rien d'autre avant demain.

Nous essayons de rejoindre la rivière où Lucio pourra venir nous chercher facilement. Mais la jungle est de plus en plus touffue et il devient très difficile de se frayer un chemin à la machette. Nous cherchons un passage et faisons demi-tour plusieurs fois.


Voir carte GPS.

Les dernières réserves épuisées, je demande à Walter de couper des branches pour remplir une bouteille de cette eau orangée contenue dans les racines.

Nous envoyons des signaux en tapant régulièrement sur les troncs de fromagers avec une branche. Finalement quelqu'un répond à nos appels. Nous sommes sauvés, c'est Lucio qui vient nous chercher !
De retour au camp nous nous jetons sur les bidons d'eau, heureux de s'en être sortis !

Pour oublier la frayeur, nous partons immédiatement en canoë pêcher le piranha.
P1000391
Vineta aura le 1er poisson : un Turunari.
P1000427

Le soir nous retournerons sur le rio, de nuit avec nos lampes. Nous verrons un serpent corail et une raie. Nous pêcherons de la façon la plus archaïque : au harpon (un trident). Le principe est très simple mais il faut être vraiment rapide.

Le soir il y aura nettement moins de moustiques. La nuit sera sèche, le ciel dégagé et je dormirai paisiblement entouré d'écureuils et sans me faire piquer !

Perdus dans la jungle

Nous partons avec nos deux guides (Walter et Lucio) ainsi que Laura (canadienne) et Andrew (australien), deux couchsurfers rencontrés plus tôt chez Jessica, à Iquitos.

Après la forêt immergée de notre précédente expédition (eaux hautes), nous découvrons l'autre jungle (eaux basses). Plus humide, marécageuse et infestée de moustiques. Même à midi ils sont partout et je n'en ai jamais vu autant, Majoritairement ils ont des taches blanches sur les pattes, donc si on a de la fièvre la semaine prochaine, on saura pourquoi !

Walter nous a fournit des bottes en caoutchouc qui remplacent avantageusement nos chaussures de trekking car nos pieds s'enfoncent parfois au delà de la cheville dans un sol boueux. Certaines plantes sont tellement épineuses, qu'elles parviennent à transpercer la semelle pourtant bien épaisse !

Nos guides qui connaissent chaque plante et ses propriétés médicinales, s'arrêtent pour nous faire découvrir, sentir, goûter d'étranges saveurs.
Une feuille a un fort goût d'ail, c'est très bon avec le poisson grillé.

Parfois le sol est constitué de branches entremêlées et nos pieds s'enfoncent mollement. On ne sait plus très bien sur quoi on marche mais un trou entre les branches fait apparaitre de l'eau plus bas. C'est le coin favori des Anacondas !

Une colonne de fourmis transporte des morceaux de feuilles. Elles s'en servent pour cultiver des champignons. (vidéo)


La fourmilière est gigantesque.
P1000360

Une fourmi géante. Mon doigt au premier plan semble plus grand qu'il n'est.
fourmi geante

Ici en guise d'anti-moustique, on s'enduit la peau de petites termites écrasées. Nous avions déjà essayé avec des fourmis et ça sentait plutôt bon. Ici ça sent la terre, il paraît que les chasseurs se recouvrent tout le corps ainsi pour que les animaux ne les sentent pas.
Appliquer le repulsif sur la main, puis frotter

Voici un arbre dont on utilise les courtes et solides épines pour presser les fruits.
Arbre utile pour presser les fruits

Ces branches contiennent beaucoup d'eau.
Trouver de l'eau dans la jungle

De même que cette racine (plus rare)
P1000435

02 septembre 2010

Le festin des moustiques

Nous voici arrivés à destination, à un plus d'une journée de transport de la civilisation. Nous installons nos hamacs pendant que les guides (Walter et Lucio) installent le camp.
Walter a prévu des moustiquaires avec un toit imperméable ce qui nous évite d'avoir à tendre une bâche au-dessus :
P1000413

Il pleuvra tellement que nous en ajouterons quand même une petite :
Nos chambres avec vue sur la jungle

Toute cette pluie (pendant le voyage, le soir et toute la nuit) rafraîchit l'air ce qui nous fait vraiment du bien après quelques jours de très forte chaleur. Par contre je n'ai jamais vu autant de moustiques. Couvert de répulsif et avec des vêtements longs, je me débat un peu dehors mais rapidement je retourne me réfugier dans ma moustiquaire.

Assis sur le hamac, la lampe frontale sur la tête, commence le rituel de la chasse : il s'agit d'écraser les 5-6 moustiques qui sont rentrés avec moi pendant les quelques secondes où je me suis introduit dans la moustiquaire.

Quel sensation de bonheur quand finalement on s'allonge paisiblement, protégé des moustiques mais aussi de la pluie, des serpents etc...
A l'abris dans ma moustiquaire
Bien à l'abri, je m'endors paisiblement en écoutant la pluie tomber et les bruits de la jungle : toutes sortes d'oiseaux, mais aussi des insectes et bien sûr le plus bruyant : les grenouilles !


Après avoir très bien dormi, nous prenons un rapide petit déjeuner et là, je réalise que j'ai été dévoré je ne sais comment par les moustiques.
Pas seulement ces quelques piqures douloureuses sur les mains et les jambes. J'en compte 35 rien que sur mon genou gauche. Pire, mon dos est criblé de piqures !
Je comprendrai mieux ce qui s'est passé le soir, en faisant la chasse dans mon hamac. En écrasant une mouche qui s'est introduite dans mon hamac, je me retrouverai les mains couvertes de sang ! Ce moustique s'est tellement gorgé de mon sang que je l'ai pris pour une mouche !

Le plus incroyable est que nos deux guides vivent à moitié nus sans répulsif. Comment font-ils ??

Lucio et sa famille : une vie au coeur de l’Amazonie

C'est ici que Lucio vit avec sa femme et ses 4 enfants.
Voici sa modeste demeure, il l'a construite seul.
P1000453

Un toit, pas de murs et une seule pièce. Pour dormir, ils posent simplement des couvertures sur le sol et installent une moustiquaire.
Un coin sert de cuisine et il y a un grand foyer qui sert à cuisiner et à brûler les ordures.
Les poulets circulent librement et des légumes poussent autour de la maison.

Lucio est né ici, ses parents aussi. Il travaille en tant que guide et il voudrait construire une autre maison plus grande pour recevoir des touristes. Il a déjà planté les pilotis qu'on voit sur la photo juste en face de sa maison.

Malheureusement ce genre de maison est très inflammable. Une fois l'incendie parti il n'y a rien à faire comme nous le verrons chez un voisin.
Incendie dans la jungle

Pendant la saison des pluies, on accède à la maison en canoë (d'où les pilotis). En ce moment le fleuve arrive 15 mètres en dessous de ce niveau, et on doit grimper ces longues marches pour arriver du niveau de l'eau jusqu'à la hauteur de la maison :
Saison seche, le fleuve est tres bas

Après déjeuner, nous reprenons un bateau pour aller installer notre campement dans la jungle.
Ici on est en sécurité, on a un bon canot de sauvetage :D
Cannot de sauvetage :D