23 mai 2012

Fin de nos aventures en Birmanie, retour en Thaïlande

Nous partons de bonne heure pour l'aéroport et rentrons sans histoire en Thailande où nous retrouvons notre ami Arvind qui a gardé une partie de nos affaires. Le soir même je prend un bus de nuit pour Koh Tao et Vineta pour Chiang Rai au nord de la Thaïlande.

Le lendemain midi j'arrive sur l'ile de Koh Tao où je retrouve mon ami Benjamin. Vineta s'installe à Chiang Rai où elle va passer un mois à prendre des cours à l'alliance française.

J'ai de nouveau accès à internet et dans les jours qui viennent nous mettrons en ligne les nombreuses photos de Birmanie.

Je vais passer le mois à venir à faire du montage vidéo. Ne ratez pas la vidéo de Birmanie ainsi que celles du Vietnam, de notre traditionnel nouvel an vietnamien (Têt) dans une famille proche de Saigon, du nouvel an Thaïlandais à Pattaya (Sunkran), et de notre visite des temples d'Angkor au Cambodge !

22 mai 2012

Première manifestation pacifique à Yangon contre les coupures d’électricité

Nous rentrons à Yangon de bonne heure mardi pour récupérer nos passeports à l’ambassade de Chine. Le soir, alors que nous faisons nos dernières photos dans la rue du côté de la pagode Sule, nous croisons de nombreux photographes. Il y a également deux camions de police. Manifestement quelque chose se prépare. Je discute avec un photographe local et comprenons que quelques chose est prévu pour 19h. Il me prend pour un journaliste ce qui n’est pas bon car le pays est interdit aux reporters internationaux.

Nous téléphonons alors à Ko Pwint qui nous explique qu’une manifestation est prévue pour protester contre les coupures d’électricité. Cette manifestation n’ayant pas été annoncée dans les règles, elle est illégale. Or la dernière manifestation à Yangon remonte à la fameuse « révolution safran » réprimée dans le sang en 2007.

Mais depuis les choses ont évoluées : les manifestations sont désormais autorisés à condition d’être déclarées à l’avance (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui). La semaine dernière dans une petite ville, puis dimanche à Mandalay des manifestations similaires ont eu lieu.

Nous avons constaté partout que l’électricité fonctionnait de façon très aléatoire. Tous les commerces importants et la plupart des hôtels où les étrangers sont admis sont équipés d’un groupe électrogène. Partout dans la rue, on peut entendre le vacarme de ces groupes et respirer pleinement leurs gaz d’échappement.

Mais les petits commerces qui se limitent généralement à une table dans la rue doivent se contenter d’une bougie. C’est la même chose dans les maisons. C’est donc naturellement qu’est née l’idée de défiler avec des bougies.
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Nous retrouvons notre ami et partons ensemble assister aux évènements et retrouvons beaucoup de photographes birmans que nous avons rencontré à l’institut français. Le quartier nous est très familier car c’est là que nous habitions lors de notre premier séjour à Yangon. Personne ne sait avec certitude comment les choses vont tourner. Pour la première fois je laisse à l’hôtel les passeports et la liasse de billets que je n’ai jamais quitté depuis notre arrivée dans le pays. Nous prenons beaucoup d’images mais prudemment car les journalistes occidentaux sont toujours interdits dans le pays. Il y a quelques policiers mais infiniment moins que lors des manifs en France.

Il y a tellement de gens dans la rue que la circulation est presque interrompue et c’est bien la première fois qu’on n’entend plus les klaxons incessants dans ce quartier ! Je compte à peine une dizaine de personnes tenant une bougie. L’action est localisée en un tout petit lieu où on voit un groupe portant quelques bougies, suivi de quelques policiers, le tout entouré par des centaines de photographes et une immense foule de curieux !

Les gens ont peur d’allumer des bougies, et les rares personnes qui le font sont la proie de centaines de photographes. Après un petit tour en ville la manifestation s’immobilise dans la pagode Sule. Un premier groupe pénètre dans la pagode, et un second s’installe juste en face.

La manifestation s'est déroulée dans le calme. Nous avons vu la police arrêter une personne mais elle n'est pas intervenue en force alors que la manifestation était illégale. Des milliers de curieux étaient présents ainsi qu'un nombre considérable de photographes.
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P1150096Après la manifestation, nous retrouvons l’une de ces rares personnes qui ont allumé une bougie et l’invitons à discuter autour d’une bière avec notre ami Ko Pwint.

Il n’est évidemment pas rassuré sur son sort mais annonce fermement qu’il poursuivra les manifestations le lendemain et les jours suivants jusqu’à ce que le mouvement prenne de l’ampleur. Il n’est pas rattaché à la LND (la ligue nationale pour la démocratie de Suu Kyi) et regrette l’absence de voix politiques. Nous apprenons que des manifestations à la bougie ont déjà eu lieu en 2003 dans la ville natale de Ko Pwint. Aung San Suu Kyi se rendait à Monywa pour un évènement important. Notre ami nous raconte ce jour là : les hommes finissent le travail plus tôt et toutes les femmes préparent à manger plus tôt que d’habitude pour pourvoir assister à l’évènement. Mais la junte que notre ami appelle « grand frère » coupe le courant dans toute la ville. Les habitants ne se découragent pas et sortent par dizaines de milliers dans les rues avec leurs bougies. La répression fut sanglante et la leader du mouvement emprisonnée. Nous connaissons la suite : sa récente libération et les changements intervenus depuis l’année dernière. Notre ami continue : de nombreux enfants disparurent ce jour là… Sous le coup de l’émotion il ne termine pas sa phrase ; son oncle est depuis ce jour sans nouvelle de ses deux enfants, comme beaucoup d’autres parents.

21 mai 2012

L’ile aux Ogres à Moulmein (Mawlamyine)

Nous prenons un Ferry pour l’ile aux ogres face à Mawlamyine. Le ferry est une sorte de barge reconvertie en transport de marchandises et de passagers. Il y a peut-être une bouée de sauvetage pour 300 passagers et le bateau transporte toutes sortes de marchandises Nous sommes les seuls étrangers. Les passagers s’asseyent sur les caisses ou généralement à même le sol métallique.

Après une traversée d’une heure, nous arrivons à l’embarcadère et là un policier me demande mon passeport. Je le suis sans rien dire, en souriant mais pas très rassuré. Lorsqu’il me présente un registre, je sors mon vieux passeport annulé et remplis toutes les informations demandées. J’ai fait de même dans le bus, le bateau et à l’hôtel, parfois avec des numéros approximatifs sans que ca ne pose de problème.

Pour parcourir l’ile, nous prenons un taxi local : une charrette à cheval. P1150047 Le conducteur ne parle pas un mot d’anglais mais il est très gentil et nous communiquons par signes. Rapidement il me tend les rênes et le fouet et c’est moi qui conduirai jusqu’au retour. P1140964 Nous traversons de petits villages où les gens sont tout étonnés de voir des étrangers et de sublimes paysages de rizières. P1150026
P1150049Parfois nous croisons un char à bœuf, parfois ce sont des tuctucs qui arrivent en klaxonnant.
Notre conducteur me donne une noix de bétel à mâcher. Un peu plus tard, il m’en propose une seconde et je la tends à Vineta qui voulait essayer. Malheureusement c’est un peu trop fort et elle ne le supporte pas.

A 15h, nous sommes de retour à l’embarcadère pour le retour car il nous est interdit de dormir sur place. Cette fois-ci nous montons dans un vieux bateau en bois où les gens sont entassés. Arrivés de l’autre côté nous rentrons à pied au lieu de prendre le taxi, ce qui nous fait une jolie ballade.

18 mai 2012

Quelques jours tranquilles dans le sud à Mawlamyine

Bien que nous n’ayons pas de passeport (l’ambassade de Chine les gardera 6 jours) et que l’ambassade de France nous ai dit que c’était impossible, nous décidons de partir pour le sud, munis de photocopies de nos passeports et visas..

Heureusement tout se passe sans problème, il n’y a pas de check point et on nous laisse voyager. Mawlamyine a beau être une grande ville, on s’y sent comme dans un village paisible au bord d’un grand fleuve et c’est bien agréable après Yangon. P1140779
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P1140882 P1150055 Nous assistons au brusque passage de la saison chaude à la saison des pluies. Cela fait vraiment du bien car la température dépassait souvent les 40°. Les pluies de mousson sont très abondantes et peuvent parfois durer toute la nuit. Bien sur le ciel est gris mais les températures sont agréables.

UntitledLe lendemain nous grimpons à pied jusqu’au sommet d’une colline au sommet de laquelle se trouve une célèbre roche dorée. Nous rencontrons un jeune japonais qui a décidé de fuir le style de vie japonais et le nucléaire pour vivre sa passion. Adepte d’arts martiaux, il voyage d’un pays à l’autre pour confronter sa technique de combat à celles des autres pays (boxe thai ou muay-thai, boxe birmane ou bama lethwei, kung fu en Chine). Il voyage avec un sabre et nous faisons des photos amusantes de lui. Malgré les apparences il a quand même 40 ans !

16 mai 2012

Aung San Suu Kyi

Les demandes de visas s’effectuant le matin, nos après-midi sont libres et nous en profitons pour retrouver notre ami Ko Pwint. Pendant notre absence il a participé à un atelier de photographie organisé par l’institut français. Il nous raconte les difficultés qu’il a eu à boucler son travail et dit que mercredi soir, tous les élèves présentent leurs résultats. Nous décidons d’aller soutenir notre ami.

Mercredi soir, nous arrivons à l’institut français. Nous passons par une petite cafétéria et un jardin, montons par un escalier extérieur et entrons dans la salle de l’atelier. Une quinzaine de jeunes birmans sont là, assis par terre et affairés autours de leurs ordinateurs portables dans une atmosphère détendue et sympathique. Nous sommes les seuls visiteurs et allons nous présenter au professeur.

P1140684La présentation commence : chaque série de photo est présentée sous forme de diaporama accompagné d’une bande son. Certains sont très intéressants comme l’histoire en photo d’un vendeur de tickets de bus sur une ligne où les véhicules ont plus de 60 ans ! Notre ami présente l’histoire de la dame qui prépare le thé dans sa rue. Pour d’autres le sujet sera un chômeur reconvertit en astrologue de rue, une femme de ménage de 15 ans, plusieurs enfants ou familles qui vivent des ordures ou du recyclage dans une décharge. Une série porte sur un garde du corps d’Aung San Suu Kyi, la célèbre ex-opposante au régime militaire.

Même si les photos ne sont pas parfaites, les thèmes abordés sont très émouvants car ils correspondent à une réalité que nous côtoyons chaque jour.

A la fin de l’exposé le professeur explique qu’il invitera tout le monde à boire du vin après qu’ « elle » soit venue voir l’exposition. Curieusement il emploie plusieurs fois le terme « elle » sans jamais nommer la personne. Nous pensons à un vice-consul à l’ambassadeur…

En réalité il s’agit de la célèbre Aung San Suu Kyi, « the lady » qui viendra assister à l’inauguration d’une exposition de photos ici même ! Nous revenons donc le lendemain et effectivement nous voyons de près la célèbre icône du pays débarquer dans la petite cafétéria de l’institut pour regarder une petite expo photo amateur, montée à la hâte avant son arrivée et dont le sujet n’est autre qu’elle-même ! « Elle » qui a reçu un prix Nobel et qui, par conviction, a choisi de passer de longues années enfermée, alors qu’elle aurait pu à tout moment renoncer et rentrer libre à Londres où sa famille l’attendait.

Quelques autres personnalités sont présentes comme l’ambassadeur mais personne ne s’intéresse à eux ! La star c’est « the lady » suit le professeur de photo à travers la cafétéria. Ce jour là, tellement de photos d’elle ont été prises qu’il y aurait de quoi organiser plusieurs autres expos ! Après cette petite visite, un cocktail privé est organisé dans la salle de l’atelier où nous étions la veille, et nous prenons congé, laissant nos amis avec leur professeur.

15 mai 2012

Retour à Yangon, demande de visas pour la Chine

Nous arrivons au terminal de bus de Yangon vers 4h du matin. Nous trouvons deux touristes pour partager avec nous les 8€ de taxi et arrivons au centre ville (Sule Pagoda) vers 5h. La dernière fois nous étions dans la guesthouse la moins chère de la ville (pour 10$ sans petit déj). Cette fois-ci nous montons en gamme et allons chez « Daddy’s home », une guesthouse fort sympathique, où nous avons une petite chambre sans SDB mais avec la clim et le petit déj pour 15$.

P1140023 Bien que nous arrivions à l’hôtel vers 5h30 du matin, on ne nous fait pas payer la première demi-journée. Plus tard je comprendrai que l’heure normale de check-in est généralement 6h en Birmanie. Après seulement une heure de sommeil, nous nous réveillons pour remplir le long dossier de demande de visa pour la Chine. A 9h je suis à l’ambassade française où mon nouveau passeport est prêt. Je conserve l’ancien dont les feuillets sont pleins car il comporte l’indispensable visa Birman. Pendant ce temps Vineta fait la queue à l’ambassade de Chine mais alors que je m’apprête à la rejoindre, je la vois revenir : l’ambassade de Chine est fermée !

Nous y retournons le lendemain et sommes les premiers devant la porte, bien en avance. Etant donné la fermeture de la veille beaucoup de gens arrivent, juste avant l’ouverture. Nous avons beau attendre juste devant la porte fermée, une femme vient s’intercaler dans le petit espace entre la porte et nous, pour passer la première. Les portes tardent à s’ouvrir et les birmans se comportent comme des animaux : grattant à la porte, scrutant l’intérieur de l’ambassade par le moindre petit trou, criant, tapant… je vous passe les détails. Lorsque la porte s’ouvre c’est une bousculade incroyable. Les plus vulgaires sont les gens qui travaillent pour une agence de tourisme : ils n’hésitent pas à passer devant tout le monde. Nous avons beau être arrivés les premiers on nous donne le numéro 18. Après encore une bonne heure d’attente au chaud les portes de la salle des visas s’ouvrent. Le premier arrivé au guichet est un employé d’agence. Il présente une vingtaine de demandes de visas ce qui prend du temps. Plutôt que d’attendre 18 tours je passe en force après lui faisant valoir bien haut que je suis arrivé le premier à 7h du matin. Personne n’ose rien dire.

Les pièces à fournir pour notre demande de visa n’étant précisées nulle part j’ai apporté autant de documents que possible : du compte en banque au certificat d’assurance. Mais mon dossier est refusé : « revenez avec une réservation d’hôtel et un billet d’avion ». Je crois alors que nos deux dossiers sont refusés car celui de Vineta est moins complet que le mien, mais avec surprise, je vois l’employée valider le dossier de Vineta sans discuter !

Je repars donc bredouille mais soulagé car le dossier de Vineta était beaucoup plus difficile que le mien à faire passer à cause du manque de pièces ! Je conclus qu’ils ont soit un problème avec la France, soit qu’ils décident aléatoirement d’emmerder les gens.

Le lendemain je reviens avec une fausse lettre d’invitation imprimée. Je subis un interrogatoire interminable et ce n’est que pour aller accabler un pauvre Philippin que mon interlocuteur m’abandonne laissant mon dossier accepté !

J’avais demandé un visa express (25$ de plus) mais cela m’est refusé. On me dit que ce n’est possible que pour les visas « normaux ». Pour une raison qui m’échappe ma demande de visa L touristique ordinaire est « anormale ».

4 jours ouvrés plus tard, c'est-à-dire à la veille du départ nous récupèrerons les passeports avec les visas ! Quant au pauvre Philippin, il devra réitérer sa demande à Singapour car comme pour nous à Séoul on lui demande une carte de résident en Birmanie.