03 septembre 2010

Panique !

Peu après avoir quitté le camp, nous apercevons d'autres humains. Nos amis Laura et Andrew qui ont eu la drôle d'idée de partir avec leurs lecteurs mp3 ont peur de se les faire voler et Walter renvoie Lucio au camp pour surveiller les affaires et préparer le déjeuner.
Nous continuerons donc avec lui seul. Mais après quelques heures je vois son niveau de stress augmenter : d'abord il parle moins, puis il commence à marcher de plus en plus vite. Quand il commence à changer de direction, il n'y a plus de doute, il est perdu, nous sommes perdus dans la jungle !!

Nous sommes partis légers comme nous l'a conseillé Walter. Sans nos poches à eau et notre filtre car il était sensé "s'occuper de tout". Nous avons pris seulement une petite bouteille d'eau pour cette promenade de quelques heures.

Partis de bon matin, nous commençons à regarder le ciel avec crainte en nous demandant quand va tomber la nuit. Difficile d'envisager de dormir sans moustiquaire. Il faudrait faire un feu tout autour de nous, mais s'il pleut...
J'ai été bien inspiré d'acheter un guide de survie et de le lire pendant les longues journées en bateau !

Nous épuisons vite nos petites bouteilles d'eau. La marche de plus en plus rapide, la chaleur, les vêtements longs à cause des moustiques, les bottes non respirantes, la transpiration... La bouche sèche, les premiers maux de tête, la fatigue, peu d'urines mais foncées, ce sont des signes de déshydratation.

Walter avance de plus en plus vite. Vineta qui était déjà un peu malade a du mal à suivre et je m'inquiète pour elle. Je propose de faire une pose. Walter ne veut pas s'arrêter et propose de foncer devant puis de revenir nous chercher. Andrew a peur qu'il ne puisse pas revenir et Laura ne veut pas rester derrière. Vineta courageuse décide de continuer et nous ne feront pas de pause.
Andrew qui est le dernier à avoir de l'eau l'offre généreusement à Vineta sous le regard effrayé de Laura qui se dit qu'on n'aura rien d'autre avant demain.

Nous essayons de rejoindre la rivière où Lucio pourra venir nous chercher facilement. Mais la jungle est de plus en plus touffue et il devient très difficile de se frayer un chemin à la machette. Nous cherchons un passage et faisons demi-tour plusieurs fois.


Voir carte GPS.

Les dernières réserves épuisées, je demande à Walter de couper des branches pour remplir une bouteille de cette eau orangée contenue dans les racines.

Nous envoyons des signaux en tapant régulièrement sur les troncs de fromagers avec une branche. Finalement quelqu'un répond à nos appels. Nous sommes sauvés, c'est Lucio qui vient nous chercher !
De retour au camp nous nous jetons sur les bidons d'eau, heureux de s'en être sortis !

Pour oublier la frayeur, nous partons immédiatement en canoë pêcher le piranha.
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Vineta aura le 1er poisson : un Turunari.
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Le soir nous retournerons sur le rio, de nuit avec nos lampes. Nous verrons un serpent corail et une raie. Nous pêcherons de la façon la plus archaïque : au harpon (un trident). Le principe est très simple mais il faut être vraiment rapide.

Le soir il y aura nettement moins de moustiques. La nuit sera sèche, le ciel dégagé et je dormirai paisiblement entouré d'écureuils et sans me faire piquer !

Perdus dans la jungle

Nous partons avec nos deux guides (Walter et Lucio) ainsi que Laura (canadienne) et Andrew (australien), deux couchsurfers rencontrés plus tôt chez Jessica, à Iquitos.

Après la forêt immergée de notre précédente expédition (eaux hautes), nous découvrons l'autre jungle (eaux basses). Plus humide, marécageuse et infestée de moustiques. Même à midi ils sont partout et je n'en ai jamais vu autant, Majoritairement ils ont des taches blanches sur les pattes, donc si on a de la fièvre la semaine prochaine, on saura pourquoi !

Walter nous a fournit des bottes en caoutchouc qui remplacent avantageusement nos chaussures de trekking car nos pieds s'enfoncent parfois au delà de la cheville dans un sol boueux. Certaines plantes sont tellement épineuses, qu'elles parviennent à transpercer la semelle pourtant bien épaisse !

Nos guides qui connaissent chaque plante et ses propriétés médicinales, s'arrêtent pour nous faire découvrir, sentir, goûter d'étranges saveurs.
Une feuille a un fort goût d'ail, c'est très bon avec le poisson grillé.

Parfois le sol est constitué de branches entremêlées et nos pieds s'enfoncent mollement. On ne sait plus très bien sur quoi on marche mais un trou entre les branches fait apparaitre de l'eau plus bas. C'est le coin favori des Anacondas !

Une colonne de fourmis transporte des morceaux de feuilles. Elles s'en servent pour cultiver des champignons. (vidéo)


La fourmilière est gigantesque.
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Une fourmi géante. Mon doigt au premier plan semble plus grand qu'il n'est.
fourmi geante

Ici en guise d'anti-moustique, on s'enduit la peau de petites termites écrasées. Nous avions déjà essayé avec des fourmis et ça sentait plutôt bon. Ici ça sent la terre, il paraît que les chasseurs se recouvrent tout le corps ainsi pour que les animaux ne les sentent pas.
Appliquer le repulsif sur la main, puis frotter

Voici un arbre dont on utilise les courtes et solides épines pour presser les fruits.
Arbre utile pour presser les fruits

Ces branches contiennent beaucoup d'eau.
Trouver de l'eau dans la jungle

De même que cette racine (plus rare)
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02 septembre 2010

Le festin des moustiques

Nous voici arrivés à destination, à un plus d'une journée de transport de la civilisation. Nous installons nos hamacs pendant que les guides (Walter et Lucio) installent le camp.
Walter a prévu des moustiquaires avec un toit imperméable ce qui nous évite d'avoir à tendre une bâche au-dessus :
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Il pleuvra tellement que nous en ajouterons quand même une petite :
Nos chambres avec vue sur la jungle

Toute cette pluie (pendant le voyage, le soir et toute la nuit) rafraîchit l'air ce qui nous fait vraiment du bien après quelques jours de très forte chaleur. Par contre je n'ai jamais vu autant de moustiques. Couvert de répulsif et avec des vêtements longs, je me débat un peu dehors mais rapidement je retourne me réfugier dans ma moustiquaire.

Assis sur le hamac, la lampe frontale sur la tête, commence le rituel de la chasse : il s'agit d'écraser les 5-6 moustiques qui sont rentrés avec moi pendant les quelques secondes où je me suis introduit dans la moustiquaire.

Quel sensation de bonheur quand finalement on s'allonge paisiblement, protégé des moustiques mais aussi de la pluie, des serpents etc...
A l'abris dans ma moustiquaire
Bien à l'abri, je m'endors paisiblement en écoutant la pluie tomber et les bruits de la jungle : toutes sortes d'oiseaux, mais aussi des insectes et bien sûr le plus bruyant : les grenouilles !


Après avoir très bien dormi, nous prenons un rapide petit déjeuner et là, je réalise que j'ai été dévoré je ne sais comment par les moustiques.
Pas seulement ces quelques piqures douloureuses sur les mains et les jambes. J'en compte 35 rien que sur mon genou gauche. Pire, mon dos est criblé de piqures !
Je comprendrai mieux ce qui s'est passé le soir, en faisant la chasse dans mon hamac. En écrasant une mouche qui s'est introduite dans mon hamac, je me retrouverai les mains couvertes de sang ! Ce moustique s'est tellement gorgé de mon sang que je l'ai pris pour une mouche !

Le plus incroyable est que nos deux guides vivent à moitié nus sans répulsif. Comment font-ils ??

Lucio et sa famille : une vie au coeur de l’Amazonie

C'est ici que Lucio vit avec sa femme et ses 4 enfants.
Voici sa modeste demeure, il l'a construite seul.
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Un toit, pas de murs et une seule pièce. Pour dormir, ils posent simplement des couvertures sur le sol et installent une moustiquaire.
Un coin sert de cuisine et il y a un grand foyer qui sert à cuisiner et à brûler les ordures.
Les poulets circulent librement et des légumes poussent autour de la maison.

Lucio est né ici, ses parents aussi. Il travaille en tant que guide et il voudrait construire une autre maison plus grande pour recevoir des touristes. Il a déjà planté les pilotis qu'on voit sur la photo juste en face de sa maison.

Malheureusement ce genre de maison est très inflammable. Une fois l'incendie parti il n'y a rien à faire comme nous le verrons chez un voisin.
Incendie dans la jungle

Pendant la saison des pluies, on accède à la maison en canoë (d'où les pilotis). En ce moment le fleuve arrive 15 mètres en dessous de ce niveau, et on doit grimper ces longues marches pour arriver du niveau de l'eau jusqu'à la hauteur de la maison :
Saison seche, le fleuve est tres bas

Après déjeuner, nous reprenons un bateau pour aller installer notre campement dans la jungle.
Ici on est en sécurité, on a un bon canot de sauvetage :D
Cannot de sauvetage :D

En route pour la selva (jungle)

Ce matin là, nous avons hésité à partir à cause d'une violente tourista. Mais Walter, notre guide insiste vraiment pour nous emmener et promet qu'il peut nous soigner avec les plantes de la jungle.
Il arrive le matin avec d'étranges boissons contenant un indescriptible mélange sucré et chaud de plantes, miel, et je ne sais quoi d'autre. C'est liquide avec des morceaux gluants et gélatineux. On le boit à la façon locale : à la paille directement dans un sac plastique refermé par un nœud.
Grâce à ça et peut être aussi à l'immodium et au bactrim forte que Brigitte nous avait laissé, nous décidons de partir.

On commence par faire 100km en taxi, en roulant à fond dans l'une des rares voitures de la ville.
Le chauffeur a l'air tellement heureux de conduire ! Il s'amuse comme un gamin en écoutant un vieux cd de tubes des années 80. Il s'amuse, klaxonne sans arrêt, fait de grands signes à tous ceux qu'on croise.
Il y a parfois une ligne blanche comme chez nous mais à l'usage, on dirait que le 1er qui klaxonne s'approprie l'autre côte de la route.

Nous arrivons au village de Nauta pour prendre le bateau. Le fleuve est très sec. Ce ponton est normalement prévu pour flotter :
Malgre le deluge, on voit que l'eau arrive bien en dessous de ce ponton flotant

Il se met à pleuvoir des cordes. Nous descendons jusqu'au bateau dans la boue glissante. Comme le fleuve est très bas, on dirait un gigantesque toboggan boueux.
Un tobogan de boue pour acceder au bateau

Et c'est parti ! Pendant que le père pilote, la petite fille écope et son frère tient une bâche pour les protéger de la pluie.
Toute la famille participe

Après une longue traversée sous la pluie, nous laissons l'Amazone pour remonter l'un de ses affluents (voir carte GPS).
Finalement nous arrivons chez Lucio.