11 mai 2012

Deux jours de trekking dans les villages des minorités ethniques

Le bus nous laisse à 3h du matin à Kalaw. Des rabatteurs d’agences de trekking sont déjà là et ne nous lâchent pas une seconde. Nous partons à la recherche d’un hôtel bon marché accompagnés d’un australien rencontré dans le bus et partageons finalement tous les trois une chambre à 9$ au « golden Lily ».

Après 4h de sommeil et un petit déjeuner basique nous allons chez Sam, l’agence de trekking auprès de laquelle nous avons réservé (suivant les conseils de Marjo à Bagan). Après avoir payé la chambre je demande à la propriétaire où se trouve « Sam’s familly restaurant ». Elle me répond en mentant qu’elle l’ignore. J’affirme sarcastiquement qu’elle est certainement nouvelle dans ce village, mais elle me répond qu’elle est née ici. Je pars en la remerciant pour son aide et en me félicitant de ne pas l’avoir choisie pour mon trekking !

Lorsque nous arrivons dans son restaurant (3 pâtés de maison plus loin), Sam, un vieux monsieur qui inspire confiance nous accueille. Il précise bien cinq fois qu’il ne veut aucun malentendu alors qu’il va nous donner tous les détails. En réalité nous comprendrons plus tard qu’il est aussi malhonnête que les autres.

Au passage, si vous rechercher une agence de trek je vous conseille M. Than Tun (thantun55@gmail.com), un monsieur pas tout jeune, expérimenté, et très cultivé que j’aurai aimé rencontrer deux jours plus tôt (voir suite du récit). Pour un hôtel, allez au Golden Kalaw (et surtout pas au Golden Lily le voisin).

Sam nous annonce des prix en kyats, correspondant à l’euro là où nous attendions des dollars. C’est un peu plus que prévu aussi nous sommes heureux de voir arriver Sébastien et Laure-Anne, un jeune couple de Grenoble avec qui nous allons partager les frais.

Nous partons donc tous les 4 avec une jeune guide ‘July’ qui parle anglais et un jeune cuisinier. Nous laissons nos gros sacs à l’agence et partons très légers.
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La rando sera très agréable et le climat nous épargnera les grosses chaleurs. Nous commençons par traverser une forêt, puis arrivons dans des espaces cultivés par des paysans en costumes traditionnels. Nous croisons souvent des chars à bœufs.
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A chaque fois que nous croisons des enfants ils nous font de grands signes et semblent très heureux de nous voir.

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Nous traversons plusieurs villages appartenant à différentes ethnies. Chacune a son langage avec une écriture propre, ses coutumes et tenues vestimentaires spécifiques. Dans certains villages la tenue des femmes nous rappelle la région du lac Titikaka en Bolivie : jupe verte, haut rayé coloré dans les tonalités roses et un tissus de couleur vive sur la tête.
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Hommes et femmes portent une jupe, les femmes sont plus maquillées qu’en ville, mais toujours avec le même masque beige. Comme dans tout le pays elles portent d’impressionnants plateaux en équilibre sur la tête.
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Pour le déjeuner nous nous arrêtons dans un village et July trouve une maison dont nous pouvons utiliser la cuisine. Les maisons sont construites en bois sur pilotis avec le toit soit en taule soit en paille. Le rez-de-chaussée sert d’étable et est rempli de vaches indiennes avec une grande bosse sur la base du cou. Il n’y a pas d’eau ni d’électricité.
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Nous montons dans la maison et la famille nous invite à nous assoir par terre sur une grande natte dans la pièce principale. Toute la famille nous fait face et nous ne pouvons communiquer qu’à travers des sourires et des gestes. Après un moment je vais chercher July afin qu’elle traduise, nous pouvons alors commencer à échanger des questions sur nos cultures respectives.
Les familles sont nombreuses. 3 générations vivent souvent sous le même toit. L’agriculture est la seule activité de la région. P1130932 Il y a depuis peu une école secondaire mais la plupart des enfants n’étudient que jusqu’à 12 ou 15 ans.

L’après midi nous reprenons notre ballade, cette fois dans les rizières sèches (avec le manque d’eau on ne fait qu’une seule récolte ici).
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Le soir nous dormons dans nouvelle famille. La maison est similaire. Une sorte de grand puits sert à récupérer toutes les eaux de pluie. C’est là que nous nous lavons avec un seau. Comme nous l’avons vu chez les moines les gens sont très pudiques ici et se douchent habillés de leur jupe.

La cuisine est à l’étage, c’est une pièce voisine du séjour où nous dormons. Une base carrée en terre séchée permet de faire du feu alors que toute la maison est en bois. On cuisine directement sur le foyer tandis qu’au dessus un dispositif est prévu pour faire sécher des produits.

Après diner nous retrouvons la famille au grand complet dans la cuisine. Toujours à travers notre interprète, nous leur posons de nombreuses questions mais eux aussi car le jeune chef de famille est tout aussi curieux que nous.
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Il nous explique que cette maison a été construite voici déjà deux générations. Lorsque les ainés se marient ils doivent partir et construire leur propre maison, tandis que les derniers enfants restent dans la maison familiale pour s’occuper des parents.
Nous dormons bien jusqu’à ce que le coq nous réveille vers 3 ou 4h. Cet animal répètera ensuite inlassablement le même cri stupide répondant à ses congénères et je mettrai bien longtemps à me rendormir. Je hais les coqs !

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Le lendemain nous partons de bon matin et continuons notre route à travers les villages et dans des paysages de terre rouge. P1140574Finalement nous arrivons en vue du lac Inle où un bateau nous attend. On veut nous faire payer une taxe de 5$ chacun et comme le vieux Sam ne nous en a absolument pas parlé nous refusons. Nous serons poursuivis pour cela à moto à travers la ville et le pickup avec lequel nous nous apprêtons à partir sera arrêté. Ce n’est qu’à ce moment que nous cèderons. Nous repartons pour la ville de Kalaw.

Dans le bus un voisin entame la discussion dans un anglais très correct. Nous avons discuté avec beaucoup de birmans mais il est le premier à avoir une opinion claire sur les récents évènements et l’évolution de la situation du pays. De plus il a déjà voyagé jusqu’en Allemagne et contrairement à tous les jeunes que nous avons rencontrés, il rêve de voyager hors du pays, particulièrement au Vietnam.
Il est encore assez difficile pour les Birmans d’obtenir un passeport (justement cette semaine Aug san su ki faisait parler d’elle dans la presse internationale avec l’obtention de son passeport).

Nous discutons un bon moment quand il me dit qu’il a travaillé comme guide justement avec l’agence du vieux Sam ! Il travaille aussi en freelance et c’est le monsieur que je recommande plus haut.

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