29 octobre 2012

Notre vie quotidienne à la Havane

Cela fait 15 jours que nous sommes ici et notre vie quotidienne est bien remplie : lever à 7h30, petit-déjeuner à 8h, ensuite répétition avant notre cours qui commence généralement vers 10h et se termine vers 11h40. Nous allons ensuite chercher notre repas que nous prenons à la maison. L’après midi je fais du montage vidéo pendant que Vineta étudie le français. P1190433
Le reste du temps nous nous promenons, rencontrons des amis cubains, participons à des activités culturelles à l’alliance française (photo ci-dessous) ou autre…
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Le soir nous ne sommes pas encore sortis sauf une fois pour voir un spectacle de danse. Ce soir commence le Festival international du ballet. Nous avons acheté des billets à 5CUC pour le grand théâtre de la havane. Il nous faudra passer pour des étudiants pour entrer.

Durant la semaine de festival nous espérons assister à 5 spectacles classiques de grande qualité.

25 octobre 2012

Des cours de Rumba

Avant d’arriver à Cuba j’ai pris de nombreux contacts dans le but de trouver deux choses : un logement et un professeur de danse. Et finalement c’est sur place, cette fois encore grâce à Irina que nous avons trouvé !

Notre professeur s’appelle Junier, il a 28 ans et fait partie du conjunto folklorico nacional qui est la référence en matière de danse afro-cubaine. Irina nous a présenté dès notre arrivée ainsi nous avons pu commencer les cours sans perdre de temps, dès notre second jour à Cuba.

Yunier vient chaque matin pour une séance d'au moins 1h30 de cours. Nous avons commencé par un peu de son montuno et enchainé directement sur la rumba. D’abord le Yambu (la rumba des personnes âgées, plus calme), puis le guaguanco (plus dynamique qui se danse également en couple) et nous terminerons par le 3ème type de rumba, la columbia que les hommes dansent seuls.

Je pensais également pratiquer le Yoruba avant de décider de me concentrer sur la rumba.

21 octobre 2012

Internet à Cuba

Les cubains n’ont pas accès à internet. Bien sur il existe des exceptions : par exemple ceux qui travaillent pour une entreprise étrangère, ceux qui ont de l’argent ou les bonnes relations. Pour les autres il y a un système de messagerie électronique cubain, et des sites intranet pour les universités par exemple, mais on ne peut pas contacter l’extérieur. La censure est une réalité. Une bibliothèque offre 45min d’internet gratuit aux cubains mais quelqu’un regarde tout ce que vous écrivez. Gmail et d’autres services de messagerie sont souvent bloqués. Les courriers sont lus. Les connexions que j’ai eu l’opportunité de tracer passaient par une connexion satellite au canada. Une fibre optique relie pourtant Cuba à l’internet via le Venezuela mais elle n’est manifestement pas encore active. Certains expliquent cela par des raisons technologiques, d’autres disent que cette liaison sera bloquée tant que le gouvernement n’aura pas trouvé un moyen de la censurer.

Rappelez-vous, en chine facebook, youtube et twitter étaient bloqués. De plus un système de filtrage par mot clé était en place bloquant par exemple tout article dans la presse parlant de facebook. Il fallait utiliser un VPN pour sortir. A cuba le tarif pour internet est généralement de 10$ par heure mais le véritable problème est que la connexion est vraiment très lente. Il faut plusieurs minutes pour charger une page.

Comme toujours, je refuse de payer ce genre de tarifs. Alors comme les cubains « je me débrouille » à ma façon…

J’ai acheté en Chine une carte wifi USB particulièrement puissante munie d’une antenne amovible, et j’ai installé la distribution linux backtrack spécialisée dans les tests d’intrusions. Comme la carte wifi chauffe beaucoup j’ai bricolé un sac de façon à y placer un ordinateur portable dont je peux voir l’écran par la fermeture éclair entrouverte, la carte wifi est bien aérée car fixée sous le sac et l’antenne est dissimulée mais maintenue bien verticale. Avec cela je peux me balader en scannant discrètement les points d’accès dans la rue.


Malheureusement les points d’accès sont bien rares ! Pour l’instant je me connecte depuis l’un des grands hôtels de la ville qui a eu la bienveillance de négliger certains aspects de sa sécurité informatique. Il y a de grands canapés confortables, la climatisation, des prises électriques et internet gratuit à volonté. Et on n’est même pas obligé d’acheter à boire ! Mais combien de temps cela va-t-il durer ?

17 octobre 2012

Une vie de cubain

Cuba vit avec deux monnaies : le CUC pour les étrangers et le Pesos (Moneda Nacional) pour les cubains. 24MN = 1 CUC = 1$. En pratique les cubains doivent utiliser les deux monnaies sauf qu’ils ne sont payés qu’en MN, alors comment parviennent-ils à obtenir des CUC ? Grâce au système D, la grande spécialité des cubains !

A cuba les touristes qui vivent soit à l’hôtel soit pour les moins fortunés dans les casa particulars. Dans les deux cas on paye en CUC, de même que pour toutes les attractions exclusivement touristiques. Pour les spectacles et activités culturelles également accessibles aux cubains, il y a deux tarifs : par exemple 5CUC pour les touristes et 20MN (moins d’1 CUC) pour les cubains.

Les touristes mangent dans des paladars qui sont des restaurants privés tenus par des cubains dans leur maison où les prix varient entre 5 et 30 CUC. Les cubains mangent chez eux ou bien dans la rue. Généralement les sandwichs coutent 10 à 30MN et on trouve des menus à emporter pour 20 à 35 MN.

La troisième catégorie de personnes se situe entre les touristes et les cubains, il s’agit des étudiants étrangers. Ils sont très nombreux, généralement latino américains et fauchés. C’est à cette catégorie que nous nous assimilerons très rapidement bien que nous n’ayons pas la carte d’étudiant.

Cela nous permet de vivre en MN et de fréquenter les mêmes lieux que nos amis. Souvent cela signifie faire la queue car c’est le quotidien des cubains. Il m’est par exemple arrivé de faire 2h de queue pour aller à la banque, et d’attendre 1h30 pour manger une glace (à 1MN soit 0,05$ la boule !).

Pour les deux repas qu’elle nous prépare, Marlina et ses assistants font preuve d’une grande créativité pour varier les recettes malgré le budget réduit (seulement 2$ pour 4 repas !) et le peu de produits disponibles sur le marché. Certains jours il est impossible de trouver des œufs ou un autre ingrédient.

Il n’existe évidemment pas de supermarché ni même de superette aux rayons plein de produits comme chez nous. Ici les étagères sont souvent vides beaucoup de produits manquent et il est exceptionnel d’avoir le choix entre plusieurs marques. Du coup, pour remplir leur magasins, les gens vendent de tout : on trouvera ainsi un grille pain à côté des t-shirts et robes, un peu plus loin le papier toilette et le rhum. L’autre jour je cherchais du talc pour bébé (qu’on utilise pour les chaussures de danse). J’ai passé l’après midi à chercher et j’ai abandonné en apprenant que le seul endroit où j’avais une chance d’en trouver était l’hotel nacional.


Dans un climat tropical comme celui de Cuba on pourrait faire pousser n’importe quel fruit mais l’agriculture d’état de parvient à fournir que des bananes, goyaves, papayes, avocats, citrons verts, de petits ananas et maracuja. J’ai entendu dire qu’il y avait des pamplemousses mais je n’en ai jamais vu !

On mange du porc et du poulet mais pas de bœuf et le lait coûte très cher car l’état n’est jamais parvenu à relancer l’élevage après la révolution.

La vie est dure pour les cubains et le marché noir est souvent la seule solution pour trouver certains produits.

12 octobre 2012

Arrivée à Cuba

A notre arrivée à Cuba, nous nous attendions à être accueillis par Irina avec qui j’étais en contact sur internet. Malheureusement elle a eu un empêchement de dernière minute et à envoyé à sa place un taxi que nous devons payer au prix fort : 25$ Le taxi nous conduit chez Marlina : la casa particular où nous avons choisi d’habiter pour la bonne raison que c’est la moins chère ! Il faut savoir qu’ici les étrangers ne peuvent loger chez un cubain que si celui-ci possède une licence. On doit donc le payer et il reverse de l’argent à l’état. Cela signifie qu’il est impossible de faire du couchsurfing et c’est la raison pour laquelle j’ai tant tardé à revenir à Cuba. Le tarif normal pour une casa est de 20$ à 25$ par jour. Mais pour une durée d’un mois on peut facilement faire descendre les tarifs. En multipliant les contacts j’ai d’abord trouvé un 2 pièces-cuisine indépendant très joli pour 18$. Puis un autre pour 14-15$ seulement ce qui n’était pas mal.

Sur la photo, Marlina à gauche et Irina à droite :

Mais finalement étant des amis d’Irina nous avons droit à un prix spécial de 12$ avec petit déjeuner, diner et lessive comprise !!! Un tarif imbattable assez difficile à tenir si bien que nous donnerons à Marlina un peu plus selon nos possibilités. Normalement l’offre longue durée spéciale pour étudiant est de 15$ avec tout cela inclut ce qui est déjà très bien.



Marlina nous accueille en disant qu’elle souhaite que nous nous sentions en famille. Elle vit avec son fils Raphael qui, malgré sa mauvaise santé est toujours disponible. Marlina, 70 ans est professeur de bioéthique à l’université toute proche. L’appartement, situé au 1er étage donne sur un carrefour bruyant dont les deux rues débouchent sur la mer. Malgré la proximité de la mer, l’air est fortement pollué par les vieux moteurs des voitures cubaines. Le bruit et la pollution sont les principaux inconvénients de cet appartement.

Construit en 1950, notre immeuble fut probablement redécoupé à la révolution pour fournir de nombreux logements ce qui donne des bizarreries comme notre petite chambre avec ses 6m de hauteur de plafond, des volets à l’intérieur de l’appartement ainsi qu’un morceau de couloir à ciel ouvert donnant sur sorte de mini patio.

L’appartement est assez vétuste ce qui ne nous surprend pas trop. Nous partageons la salle de bain avec une autre chambre. La douche électrique brésilienne installée comme il se doit avec du scotch ne fonctionne pas, c’est donc avec de l’eau froide qu’on se réveille chaque matin. Notre chambre est équipée d’une clim qui fait tellement de bruit que nous ne l’utilisons jamais, mais le ventilateur nous suffit. Après quelques jours, nous nous habituons à ce nouvel environnement ainsi qu’au décalage horaire.
Notre chambre: P1190171 P1190162

11 octobre 2012

Le jour le plus long (36h au lieu de 24)

Rêve pour certains, cauchemar pour d’autres, nous allons vivre une journée de 36h au lieu de 24 ! Ce sera certainement la plus longue de notre vie.

Aujourd’hui nous partons de Pékin pour Cuba situé de l’autre côté de la planète. Le décalage horaire est de 12h : c’est simple lorsqu’il est midi à Pékin, il est minuit à Cuba.

Nous quittons Pékin à 2h du matin et nous arriverons vers 20h à la Havane. Entre les deux il va s’écouler 30h (22h d’avion et 8h de transit à Moscou).

Nous voyageons dans le même sens que le soleil et avons donc l’impression que la journée se déroule au ralenti. Entre minuit et minuit la journée dure 24+12h soit 36h.

Petit exercice amusant : que se passerait-il si nous voyagions dans le sens contraire au soleil ? Au lieu de passer des fuseaux horaires UTC +8 à -5 en passant par le 0 ce qui est facile à concevoir, nous passerions de +8 à +13 puis de -12 à -5 et nous croiserions le soleil au lieu de le suivre. Mais sans pour autant remonter le temps puisque nous arriverions à 20h le jour de notre départ ! Alors comment s’écouleraient les heures ? Passerait-on par hier ou demain avant de revenir à aujourd’hui ?

Le voyage se déroule bien mais les russes ne me font pas meilleure impression que les chinois : alors que nous arrivons à nos places dans l’avion, une femme élégante se précipite devant moi sans raison apparente. Son siège est situé juste devant le mien et elle voyage avec un compagnon. Lorsque j’arrive à ma place avec mes sacs elle me déclare solennellement « ce compartiment est réservé pour moi, vous ne pouvez rien y déposer » en désignant le compartiment à bagage situé juste au dessus de mon siège. Je devine que tous les casiers sont pleins de bagages, qu’elle a identifié le dernier espace libre, qu’il se trouve juste au dessus de ma tête et qu’elle le désigne. Visiblement cette femme est très attachée à son propre confort et pas du tout à celui des autres. J’ai l’impression de vivre l’ultime répétition d’une situation vécue quotidiennement dans le métro de Pékin. En début de ligne les gens se bousculent devant la porte, et lorsque cette dernière s’ouvre, ils commencent à courir tous ensemble pour se réserver un siège.

Avec un sourire las, à la fois amusé et désespéré je lève la tête. Le compartiment au dessus de mon siège est déjà à moitié occupé par sa valise, et elle désigne l’autre moitié. Pauvre femme, comment n’a elle pas honte ? Je regarde autour : elle s’est précipitée sur le compartiment au dessus de mon siège car les autres sont pleins et le sien est fermé, mais je devine qu’il est vide. Je lui dis alors que si elle y tient absolument je ne vois pas d’inconvénient à lui céder mon compartiment et lui demande gentiment d’ouvrir le sien pour que j’y mette mes sacs. En effet, il est vide !

Si elle était intelligente elle se sentirait un peu ridicule mais elle reste très sérieuse. La soudaine apparition d’un précieux espace de rangement et l’abondance que cela implique ne l’émeut pas du tout. Elle me demande très sérieusement si ce nouvel espace est entièrement à moi, prête à entamer des négociations. Vivement Cuba !

07 octobre 2012

Que faire si vous êtes témoin d’un accident en Chine ?

Laisser crever la personne, et si possible de filmer son agonie avec un téléphone portable « pour faire changer les choses » !

Ce n’est malheureusement pas une plaisanterie mais la triste réalité de la pensée chinoise.

Vous vous souvenez peut être de cette vidéo sur youtube montrant une petite fille de deux ans gisant sur la route sans que personne ne lui vienne en aide. C'est un fait divers qui remonte à 2011 : une petite fille, surnommée Yue Yue, est percutée par un van blanc dans un marché de Foshan, dans la province de Guangdong. Le conducteur s'arrête mais comme il n’y a pas de témoin il repart, roulant une seconde fois sur l'enfant. Mais ce n'est que le début de l'horreur.

Les images tirées d'une vidéo de surveillance montrent pendant 7 interminables minutes comment 18 autres personnes n'ont pas porté secours la petite Yue Yue, abandonnée dans sa marre de sang. A pied, sur un vélo, une mobylette, au volant d'un véhicule, tous la voient mais passent leur chemin comme si de rien n'était. Un autre van roule même à nouveau sur la jambe de la fillette.

Une femme de 57 ans, chargée de ramasser les poubelles, vient finalement à son secours et l'écarte du centre de la route, sans parvenir à trouver de l'aide. On voit ensuite la mère arriver sur les lieux de l'accident et repartir avec sa fille dans les bras. Conduite à l'hôpital, elle est morte quelques jours plus tard des suites de ses blessures.

Lorsqu’on voit cette vidéo en France on ne peut qu’être choqué et indigné. On pense qu’il s’agit de quelque chose d’exceptionnel et on peut même se permettre de l’optimisme comme le nouvel observateur : « Bientôt, les hommes politiques ne pourront plus faire la sourde oreille. C’est tout un peuple, entraîné par ses élites, journalistes, intellectuels, internautes, qui, aujourd’hui, semble s’éveiller à des valeurs nouvelles. Et si les droits de cet enfant, défendus par des centaines de milliers d’anonymes sur la toile, provoquaient une avancée des droits de l’homme ? »

Mais vu d’ici, en Chine, les choses ne semblent pas près de changer. Retrouvé par la police, le premier conducteur a déclaré simplement avoir pris la fuite expliquant ce que chacun sait ici en Chine, à savoir que tuer quelqu’un coute moins cher que de le blesser car il faut alors payer tous les frais d’hôpitaux.

Pour comprendre la situation il faut savoir qu’il n’existe pas ici l’équivalent de la loi américaine « du bon samaritain » qui protège, ou en tout cas limite la responsabilité du secouriste. Encore moins la notion de non assistance à personne en danger : en France on peut vous attaquer si vous êtes capable d’intervenir efficacement pour sauver quelqu’un mais que vous ne le faites pas. En Chine on vous attaque si vous agissez comme dans le cas suivant :

En 2006 dans la ville de Nanjing, un jeune homme nommé Peng Yu est venu en aide à une vieille femme qui était tombée dans la rue. Sur la demande de la femme, Peng l’a aidée à se rendre à l’hôpital. C’est alors que la vieille a accusé Peng de l’avoir fait tomber. Lors du procès, le juge (que tout le monde désigne désormais comme « the Nangjing judge ») a estimé que le « sens commun » indiquait que Peng n’aurait pas conduit la femme à l’hôpital « s’il n’était pas responsable de sa chute » et l’a condamné à payer les frais médicaux.

L’histoire, largement reprise par les médias chinois, est devenue une véritable référence pour justifier et généraliser un comportement qui était déjà largement présent.

Ainsi à Zhiyin dans la ville de Wuhan (Hubei), un homme de 88 ans a glissé et est tombé à l’entrée d’un marché aux légumes à 100 mètres de chez lui. Il est resté gisant au sol sur le ventre jusqu’à ce qu’une ambulance arrive 90 minutes plus tard. L’homme est mort étouffé par le sang qui lui coulait du nez. Si quelqu’un l’avait simplement tourné sur le côté il aurait survécu mais tout le monde l’a ignoré. Dans les 12h qui ont suivi l’annonce de ce fait divers dans la presse, 29892 internautes ont réagit sur Sina.com. Presque tous pour dire qu’ils comprenaient pourquoi les passants n’avaient pas aidé le vieil homme et qu’ils auraient fait pareil !

En aout 2011, à Rugao dans le Jiangsu un chauffeur de bus a vu une vieille dame sur le sol à côté de son tricycle retourné. Il a stoppé le véhicule pour lui venir en aide. La vieille femme de 81 ans a ensuite raconté à la police que le bus avait heurté son tricycle. Heureusement le bus était équipé d’une caméra vidéo qui a permit d’innocenter le chauffeur. Ce n’est qu’en lisant cet article que j’ai compris pourquoi les magasins vendent tellement de caméras pour voitures, cela montre l’influence de ces faits divers sur le comportement des chinois.

Il faut mettre en parallèle cette attitude avec ce que représente un humain sur la route.

Même dans les grandes villes comme Pékin ou Shanghai, les véhicules ont toujours la priorité sur les piétons que ce soit sur à un feu rouge, sur un passage piéton, mais également sur un trottoir et à contresens ! Lorsqu’un piéton traverse sur un passage piéton, le feu étant vert pour lui, il doit laisser passer les véhicules car non seulement ceux-ci ne s’arrêtent pas mais ils ne ralentissent même pas et c’est normal !

Même au milieu des bouchons alors qu’il est de toute façon bloqué, un véhicule ne s’arrêtera pas pour vous laisser passer pour la bonne raison qu’en tant que piéton vous n’existez pas ! Au mieux il klaxonnera.

De plus il faut savoir qu’en tant que piéton vous pouvez être responsable en cas d’accident avec une voiture.

Les deux roues empruntent fréquemment les trottoirs et c’est toujours aux piétons de se pousser.

Et ces comportements ont un prix : pendant la semaine de vacances nationales qui vient de se terminer, 800 morts ont déjà été recensés, principalement des piétons tués par des véhicules. Et ce n’est rien comparé aux 1400 morts de l’année dernière en l’espace de seulement 8 jours !!! Les gens disent que c’est de la faute de ces imbéciles de piétons qui traversent sans regarder, en envoyant des SMS. Malgré tout le temps que nous avons passé dans les grandes villes comme Shanghai et Pékin, nous n’avons entendu qu’une seule fois une sirène de véhicule d’urgence (pompiers, ambulance, police confondus).

Mais revenons à notre sujet. Il est légitime de s’interroger sur ce qu’on ferait en Chine étant témoin d’un accident. D’autant plus qu’en tant qu’étranger vous êtes une victime facile. Là encore les histoires abondent : un étranger pris malgré lui dans une bagarre avec un chinois se fait tabasser par de nombreux passants chinois solidaires de leur compatriote. Une autre histoire vécue par un ami proche : impliqué dans un accident de la route, il se fait rapidement encercler par les chinois, tous solidaires. Quand la police arrive les faux témoignages abondent et l’étranger est piégé. En effet l’étranger représente encore ici celui qui a de l’argent. Cela pour des raisons historiques mais surtout car pour les asiatiques il est inconcevable de voyager si on n’est pas riche.

En 2011, les médias officiels ont rapporté qu'une Américaine s'était jetée à l'eau pour sauver une Chinoise de la noyade dans un lac de Hangzhou. Les commentateurs ont souligné que seuls les étrangers oseraient faire une telle chose en Chine. Ce qu’ils ne disent pas c’est qu’elle s’est ensuite enfuie le plus vite possible. «Même si le fait de sauver des gens entraîne constamment des "problèmes", il reste qu'ignorer l'agonie d'une personne (...) nuit aux bases éthiques de la société et dissout tout sens de la conscience dans l'esprit du public», a écrit le commentateur Li Hongbing mardi dans «Le Quotidien du peuple», le principal journal du Parti communiste chinois.

Mais quelle est l’origine de ces comportements ?

Lorsqu’on compare la brutalité des Vietnamiens à la gentillesse de leurs voisins (voir articles précédents) on a vite fait de mettre tout cela les effets post communistes, et on est tenté de faire le même raisonnement en Chine.

Le communisme s’est installé en effaçant toutes les croyances qui contribuaient à la cohésion et la stabilité de la société mais il les a remplacés par une idéologie très forte. Lorsque le pays s’est engagé sur la voie des réformes, l’idéologie communisme a volé en éclat sans que rien ne viennent prendre sa place. Désormais la Chine est un monde ultra-individualiste où l’argent compte plus que tout. L’une des premières questions que les gens posent est « combien gagnez-vous ? ». Pour les plus pauvres l’argent est nécessaire pour obtenir une femme (et la politique de l’enfant unique rend les choses plus difficiles car il y a beaucoup plus d’hommes), pour les plus riche il n’y aura jamais de mariages assez luxueux, de voiture assez grosses…

Mais il semble que les racines du problème soient plus anciennes car de nombreux auteurs chinois du siècle derniers décrivaient déjà les mêmes comportements dans la société chinoise de l’époque.

Voilà, après 2 mois passés en Chine cela fait du bien de se défouler un peu...