27 janvier 2011

Torres del Paine, la rando la plus célèbre de Patagonie

Un ami nous a dit : "ce sera le plus beau trek de votre vie, croyez moi". Autant dire que nous nous attendions à du lourd ! Nous décidons donc de faire la grande boucle (circuit plus complet, et plus long que le traditionnel "w"). Et après l’expérience du paso del Viento nous prenons plus de nourriture afin d'avoir suffisamment d’autonomie pour pouvoir improviser un nouvel itinéraire ou attendre le beau temps si nécessaire (car la réussite d'une rando dépend grandement des conditions climatiques).

Nous partons donc en début d’après midi, bien chargés avec 12 (grosses) journées de nourriture ce qui nous laisse plusieurs jours de marge. Le premier soir, nous marchons jusqu'au campamento Torres, joli lieu de camping gratuit qui se trouve en haut de la 3ème branche du 'W'. Au petit matin suivant nous grimpons un peu plus haut admirer le lever de soleil sur les fameux rochers en forme de tour qui ont donné son nom au parc.
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Les 3 jours suivants nous partons pour la grande boucle, c'est à dire que nous quittons la 3ème branche du 'W' à sa base pour le contourner par le haut et retrouver plus tard au sommet de sa première branche. Nous marchons beaucoup et, au début, le paysage n'a rien d'exceptionnel. Quant aux campings c'est carrément l'horreur. En gros il existe deux sortes de campings : les premiers sont gratuits avec de beaux emplacements pour tentes, abrités du vent, généralement un bon abri en bois pour cuisiner et une rivière avec de l'eau claire à côté.
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Les autres campings sont payants et vous pouvez utiliser le refuge chauffé à condition d'acheter le repas ou d'y dormir (dans certains). C'est très cher, le premier camping a donné le ton avec ses toilettes à 1$US ! Si vous campez, vous devez payer, mais ce n'est généralement pas du tout abrité du vent et il n'y a aucun lieu abrité pour cuisiner. Du coup, on voit des gens en train d'essayer de cuisiner recroquevillés par terre entre un escalier et des poubelles par exemple pour essayer de se protéger du vent. Un scandale !

Quant à nous, nous avons appris à cuisiner sous la tente quand il y a trop de vent. C'est assez délicat dans notre micro tente mais ça fonctionne bien et on n'y a pas encore mis le feu.

A la fin du 3ème, jour le paysage devient plus intéressant quand nous arrivons à proximité du glacier "Los Perros". A partir de là décidons de ne plus aller que dans des campings gratuits ce qui nous fera de très courtes journées de marche (3h) suivies de très longues (8 à 10h).
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Le 5ème jour nous passons le Paso John Gardner et arrivons à un point de vue impressionnant très similaire à celui du paso del Viento. Après avoir passé le col, nous surplombons le glacier Grey qui s’étend à perte de vue comme une mer de glace. Nous venons de retrouver le circuit en 'W' au sommet de sa première branche.
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Voici une vidéo prise en différents endroits alors que nous longions le glacier :


Le 6ème jour  nous longeons le glacier et campons tout près. La nuit, on entend comme de gigantesques coups de tonnerre : ce sont de gros blocs de glace qui se détachent du glacier et tombent dans le lac.
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Le 7ème jour, au petit matin, après avoir contemplé une dernière fois le glacier depuis la colline, nous le dépassons et marchons jusqu’à une péninsule située de l’autre côté du lac d’où on voit le glacier se jeter dans le lac. Nous faisons une pause devant de gros blocs de glace qui flottent sur le lac avant de reprendre la route.
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Ce jour là nous faisons une longue route jusqu'au Campamento italiano (qui se trouve à la base de la branche centrale du W). Le camping est bondé, il y a des centaines de tentes. Nous parvenons à nous installer dans un coin tranquille, mais bientôt nous avons de nouveaux voisins. Difficile d’échapper au bruit et à l'agitation ambiante.
Une des raisons pour lesquelles il y a tant de monde, c'est que les gens restent 2 jours : ils laissent leur tente là pour être plus légers et vont passer la journée en haut (sommet de la branche centrale du W). Comme nous avons du temps, de la nourriture et plein d'énergie, nous décidons de grimper avec tout notre équipement pour profiter à fond du paysage en passant quelques jours là haut.
Nous avons un ciel bleu magnifique, il fait grand soleil et les paysages sont superbes. Voici l'endroit où nous nous arrêtons pour déjeuner. Sur la falaise de la première photo, la neige craque par moments, et de bruyantes avalanches entraînent d'énormes quantités de neige poudreuse qu'on voit tomber vers nous comme au ralenti dans un spectacle grandiose. Vue à gauche :
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Et voici la vue de l'autre côté, devant nous :
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Il y a beaucoup de vent, et Vineta pense que je suis fou d'essayer de cuisiner ici, mais c'est là que j'ai envie de m’arrêter, et finalement, derrière un gros rocher, nos deux sacs et nous même comme pare-vent, je parviens à faire bouillir de l'eau pour préparer soupes chinoises - purée.
Nous continuons notre route et un peu plus loin, nous arrivons aux fameuses tours :
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Enfin nous arrivons au campamento Britanico dont nous serons les seuls occupants. L'endroit est relativement abrité, mais nous sommes en altitude et, à en juger par les abris construits par nos prédécesseurs, quand le vent souffle, ça ne rigole pas :
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Il neige toute la nuit et le lendemain, le paysage est méconnaissable : lorsque nous sortons de la tente, tout est blanc ! Comparez cette photo des Torres à celle prise la veille :
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Nous redescendons tranquillement et continuons, la tête pleine de paysages splendides.

Cliquez ici pour voir le diaporama complet de cette randonnée.
Et voici la vidéo correspondant à la seconde partie du récit :

26 janvier 2011

Puerto Natales

Le lendemain à 13h, nous partons pour Puerto Natales (5h de trajet). Nous entrons pour la 4ème fois au Chili ce qui prend toujours autant de temps. Mais cette fois nous arrivons à passer avec toute notre nourriture et il y en a pour plus de 10 jours ! La technique : déclarer qu'on importe de la nourriture et presser le douanier d'examiner l’énorme sac où vous l'avez rassemblée (chaque chose bien emballée dans une multitude de sacs plastiques) tout en affirmant que vous êtes passé au bureau des douanes chiliennes pour vous assurer qu'il n’y avait pas de problème.

Nous dormons au camping mais passons avant à l'hostel Kawaskar d'Omar (dont on vous reparlera plus tard) pour préparer notre plus long trekking : Torres del Paine

25 janvier 2011

Le glacier Perito Moreno

Nous sommes de retour à El Calafate vers 13h, à peine 5 minutes avant le départ du dernier bus pour le glacier Perito Moreno. Nous achetons les dernières places.
Arrivés au parc  nous prenons d’abord un bateau pour approcher le glacier pour la première fois. C’est spectaculaire car nous nous retrouvons tout près, au pied de la falaise de glace. Nous voyons des blocs de glace se détacher et tomber dans l'eau avec un bruit de tonnerre suivi par un gros "plouf". Nous finirons la journée à nous promener à pied  en admirant le glacier depuis la langue de terre juste en face où des promenades ont été aménagées.
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Une spectaculaire mer de glace qui alimente le glacier.
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Je suis surpris par l’intensité du bleu de la glace à certains endroits.
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Cliquez ici pour voir le diaporama complet
Et voici une petite vidéo :

23 janvier 2011

Un aller / retour à Rio Gallegos

Entre deux bras de la rivière que nous avons traversée à pied, nous sommes passés rapidement à travers un bosquet dans lequel de petites branches m'ont percuté l'œil. Je n’y ai d’abord pas prêté attention pris dans le feu de l’action mais de retour en ville je voyais flou d'un œil (comme après mon ophtalmie des neiges à Pucon).

De retour en ville, je suis allé à la pharmacie pour acheter des gouttes mais le pharmacien m'a vivement conseillé d'aller me faire examiner au dispensaire. Là, le médecin généraliste qui m'examine me dit que la rétine est probablement endommagée à cause de la pression interne engendrée par le choc. Il me met des gouttes et un pansement sur l’œil.

Il n’y a pas d’ophtalmo dans cette petite ville alors nous partons pour El Calafate (la ville suivante sur notre itinéraire) où nous arrivons le soir même. Mais le seul ophtalmo de l’hôpital (et de la ville) est malade.

Nous partons le lendemain, dimanche pour Rio Gallegos. Arrivés là, après 4h de bus, nous nous installons au camping et je vais à l’hôpital. Je commence à connaître le système de l’hôpital argentin et l'interne qui me reçoit me prend pour un médecin. Non seulement cela m’évite de faire la queue, mais il fait venir immédiatement l'ophtalmo de garde qui, après examen, me dit que je n'ai rien. Juste 2 rayures superficielles sur la cornée qui cicatriseront en trois jours. Il me prescrit des antibiotiques et retourne à ses activités dominicales.

Nous resterons le lundi en ville pour faire une grande lessive, des courses et internet à des prix plus décents dans cette ville moins touristique. Et nous repartirons mardi matin.

22 janvier 2011

La rivière (Paso del Viento 6)

A peine réveillé, je retourne sur la plage pour mesurer le niveau de l'eau. Il me semble avoir baissé d'environ 10 ou 15 cm. C'est très net : le ruisseau où nous avons fait la vaisselle la veille n'existe plus.

Vidéo de la rivière au niveau au pont (cassé) :

Nous petit-déjeunons avec nos dernières provisions, préparons les sacs et retraversons la forêt à la recherche d'un passage. Cette fois ci nous traversons avec les chaussures et nous nous enveloppons les pieds et les jambes dans des couvertures de survie avec le collant thermique par dessus pour faire tenir le tout sans offrir trop de prise au courant. Si le courant est trop fort nous ferons demi-tour immédiatement. En cas d'échec nous avons toute la journée pour attirer des secours mais plus de provisions.
Finalement nous passons ! J'ai filmé la traversé avec les lunettes d'espion. La technique des couvertures de survie s’avère ultra efficace. De l'autre côté le vent souffle toujours particulièrement fort (comme promis par la météo).
Après avoir bien essoré les chaussures, nous repartons (impossible de les sécher car il pleut). Le vent est contre nous mais à cette altitude ce n'est plus un problème. Nous arrivons au petit port où il y a bien un zodiac amarré, mais personne. Des voitures viennent, admirent le paysage quelques secondes puis repartent. A cause du froid et du vent les gens ne sortent même pas de la voiture ce qui explique le curieux manège observé par Vineta la veille.
Nous marchons sur la route et finalement la 5ème voiture qui passe nous prend en stop. Ce sont des français très sympa à qui je raconte notre aventure en chemin. Ils nous déposent en ville et nous offrent même des cerises !!


Cliquez ici pour voir le diaporama complet de cette aventure.

21 janvier 2011

A la boussole à travers la pampa (Paso del Viento 5)

Au matin la pluie laisse la place au soleil ce qui nous permet de tout sécher.

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Nous rationnons les provisions, prenons le petit déjeuner puis nous mettons en route. Il n'y a plus de sentier et nous essayons de rejoindre le bord du lac que nous devons longer. Mais il faut d'abord contourner un marécage et traverser une petite rivière en improvisant un pont primitif pour ne pas se mouiller les pieds.

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Finalement le lit d'une rivière sèche nous permet de traverser la zone marécageuse et nous amène au bord du lac. Nous le longeons et au bout, un chemin est censé partir vers le nord mais, ne le trouvant pas, nous nous en passerons pour le reste de la journée. Après avoir marché vers le nord un moment, nous continuons N-NE à travers la pampa en visant le passage le moins haut entre les collines. Le vent est très fort (comme l'annonçait la météo à 4 jours avant notre départ) mais n'étant plus en altitude, ce n'est pas un danger. Après un moment nous décidons qu'il est temps de bifurquer à l'est et effectivement nous sommes bloqués par un marécage, devons revenir en arrière pour trouver un passage, et en trouvons un… vers l’est ! Les trous de bâtons dans les vieilles souches sur lesquelles nous traversons sont les premiers signes que nous sommes sur le bon chemin. Nous continuons à la boussole, bientôt le lit profond d'une rivière sèche nous oblige à bifurquer de nouveau. Dans l’après midi, nous arrivons enfin en vue de notre destination... et du dernier obstacle à passer : la rivière !
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Elle est beaucoup plus large que la précédente et elle se divise en une multitude de bras avant de se jeter dans le lac. Il y a deux îles principales qui nous empêcheront de voir l'autre côté si nous décidons de traverser à leur niveau.
Vineta a très faim, nous avons rationné la nourriture : il nous reste deux repas et un petit déjeuner. Mais comme nous n'avons plus de pain nous avons prévu de la purée pour ce midi, seulement avec le vent violent qui souffle, impossible de faire chauffer de l'eau. Nous descendons. Finalement nous trouvons au bord de la rivière ce qui reste de la tyrolienne ou du pont, cassé.

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Le courant est très fort partout. Nous longeons le rio jusqu'à une petite forêt où, abritée par les arbres, Vineta prépare le déjeuner pendant que je traverse la forêt. De l'autre côté je trouve une plage qui borde le lac et juste en face un petit port. Je me dis qu'ils ont bien un zodiac, ou qu’un pêcheur pourrait venir nous chercher. Après déjeuner nous nous installons sur la plage et préparons du bois pour faire un feu comme des naufragés et tenter d'attirer l'attention d'un bateau. Nous allons chercher du petit bois mais la pluie et surtout le vent ne se calment pas et, sans abri sur la plage, il est impossible de faire un feu. Nous utilisons les couvertures de survie pour faire des signaux.
La première sur les sacs, seul endroit visible où elle n'est pas immédiatement arrachée et déchirée par le vent violent, et la seconde sur nous pour faire des signaux.

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Finalement un gros bateau s'approche puis fait demi-tour en nous voyant. Nous pensons que des gens vont venir avec un plus petit bateau. Vineta observe en face une voiture au comportement étrange : elle fait sans arrêt des allers-retours jusqu'au port. S’agit-il des secours appelés par le bateau ?
Finalement il est tard et nous installons notre campement à l'abri du bois en laissant de petits morceaux de couverture de survie pour baliser le chemin au cas où quelqu'un viendrait nous chercher.
Si nous sommes toujours là demain matin, nous tenterons une traversée car la rivière (c'est la même que nous avons déjà traverse qui part du glacier et traverse le lac) sera plus basse.
Même si nous avons envie de nous mettre au lit directement, nous dînons pour avoir des forces le lendemain.

20 janvier 2011

La grande boucle (Paso del Viento 4)

Nous nous réveillons à 6h avec un beau soleil mais des nuages à l’horizon. Que faire ? Rentrer par le  chemin que nous connaissons bien maintenant ? Où bien poursuivre l’aventure en faisant une grande boucle par le col Huemul, cette partie du chemin beaucoup moins fréquentée et mal indiquée mais qui est très jolie parait-il. Nous décidons de continuer. Les risques : se perdre ou se retrouver bloqués par une énorme rivière. Mais cette fois-ci nous ne partirons pas sans carte : je recopie celle qui est accrochée sur la porte du refuge.

Nous voici en chemin pour un refuge indiqué sur la carte à 1 journée et demi de marche d’ici. Nous partons à 8h ce qui nous laisse suffisamment de temps pour arriver le soir même et, en cas de problème, un site de camping est indiqué à 1 jour d’ici (étrangement situé au sommet d’une montagne).
Au début le chemin est clair mais bientôt il disparaît. Photo : je suis à la recherche du chemin.
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Nous allons jusqu’à un petit lac indiqué sur la carte où nous perdons la trace du sentier, mais après un moment d’observation nous comprenons que le chemin ne peut passer que sur le flanc de la montagne en face. En effet nous le retrouvons et continuons en longeant l’immense glacier Viedma à notre droite.
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Vers midi, nous marchons sur un petit sentier à flanc de montagne au bord d’une pente très raide faite d’éboulis. Le vent commence à souffler fort et soudain Vineta pousse un cri : le vent a failli la faire tomber. Il se met à souffler en rafale violentes. Nous attendons un peu et progressons prudemment pour essayer de nous sortir de là. Mais le vent semble forcir et le chemin grimpe de plus en plus au bord d’une pente très raide. Vineta est fatiguée et veut faire une pause. J’insiste pour continuer un peu car l’endroit est dangereux. Rien n’indique que le vent va se calmer alors après une courte pause, nous continuons comme nous pouvons espérant arriver sur un autre versant plus protégé.

Le chemin continue de grimper sur des éboulis puis disparaît. Un dernier coup d'œil en arrière sur le glacier Viedma :
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Nous continuons à monter pour nous mettre à l'abri. Au sommet nous trouvons une sorte de cratère dont le fond est légèrement abrité. D’après la carte, le premier se trouve ici mais il n’y a rien et ce n’est pas suffisamment abrité, il est hors de question pour nous de dormir ici. Nous recherchons des signes du chemin en vain. Mais nous devons à tout prix trouver une voie pour redescendre de cette montagne avant que le vent ne se lève pour de bon, d’autant plus que la météo sur 4 jours annonçait un vent particulièrement violent pour demain ? Est-il arrivé en avance ?

Nous explorerons les nombreuses collines du cratère et essayons de grimper au bord mais le vent est tellement violent qu’il est impossible de se tenir debout proche du bord, je n’ai jamais vu un vent aussi fort ! Nous avançons prudemment, prêts à nous jeter au sol à tout moment pour éviter d’être emportés. Nous ne trouvons rien, ni lieu de camping, ni indication du chemin. Et si le vent est aussi fort il est de toute façon impossible de descendre ni de camper ici. A ce moment précis je commence pour la première fois à être vraiment inquiet ! Mais il est 14h et nous avons encore le temps de trouver une solution.

Notre carte et la boussole nous permettent d’identifier une possible voie de descente. C’est une sorte de canyon rempli d’éboulis et exposé aux chutes de pierre des deux côtés. Cela nous semble trop dangereux pour être le chemin mais nous continuons malgré tout pour être sûrs, de plus le vent y souffle moins fort. Un peu plus bas nous trouvons un peu de végétation et une vue magnifique sur le glacier et le lac.
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Mais au bout nous nous retrouvons en haut d’une falaise. Cette voie qui partait dans la bonne direction bifurque pour terminer vers l’est à 90° de l’orientation recherchée. Nous rebroussons chemin mais cette fois nous avons pu nous orienter grâce à la vue sur le lac et nous en déduisons la direction de la bonne voie. Une heure plus tard, c’est gagné, nous retrouvons le chemin et entamons la descente sur un versant abrité ! La vue sur l'autre versant :
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Nous passons devant un lieu de camping non indiqué sur la carte ou nous pourrons nous replier en cas de problèmes (comme le second jour avant la traversée du glacier) ce qui est rassurant. Nous perdons encore le chemin mais la vue dégagée sur la vallée nous permet de le déduire facilement. De là nous pouvons observer le bord du glacier et de gros blocs de glace bleue flottant à la surface du lac.

Descendus de la montagne nous pensions être en sécurité, mais le chemin traverse une sorte de maquis, et devient de plus en plus raide.
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Le sol est sec et érodé ce qui rend la progression difficile car on glisse beaucoup mais c’est toujours mieux que s’il pleuvait
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A la fin c’est carrément de l’escalade.
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Il y a moins de vent et il fait moins froid à mesure que nous descendons. Bientôt nous apercevons la péninsule à la base de laquelle se trouve le refuge où nous allons.
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Après quelques heures de descente prudente sur une pente raide, nous arrivons enfin en bas. La vue sur le glacier est magnifique.

Bientôt il se met à pleuvoir et nous traversons une sorte de pampa marécageuse, nos affaires sont vite trempées. Mais nous touchons au but, le refuge devrait être tout proche et nous pourrons nous y sécher.

Le problème est que cette péninsule qui paraissait si petite et si plate vue d'en haut est en réalité plus grande et vallonnée. De plus, le sentier se divise en une multitude de directions et nous sommes bientôt perdus. La journée a été longue, nous sommes fatigués et trempés. Je laisse mon sac à Vineta pour partir à la recherche de ce refuge ou nous pourrons nous sécher. Je grimpe sur chaque colline de la péninsule mais au bout de 2h je dois me rendre à l’évidence : le refuge n'existe pas !

Nous campons, tous mouillés et, pour la première fois, nous cuisinons sous la tente fermée. C'est une opération délicate car la tente est minuscule est l’abside abrite déjà nos énormes sacs.

19 janvier 2011

Le Paso del Viento (3)


Le lendemain, il fait beau malgré une très légère pluie et beaucoup de vent. Nous avons une vue magnifique sur le glacier. Nous replions le matériel, préparons le petit déjeuner et les sandwichs pour la journée. Soudain un groupe de 12 personnes apparaît là où nous ne l’attendions pas du tout. C'est donc là que passait le sentier que nous n’avons pas trouvé la veille ! Nous les observons attentivement monter sur le glacier. Puis nous leur emboîtons le pas et marchons pendant 45 minutes sur le glacier.

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Cette voie est beaucoup plus facile que celle de la veille ! De retour sur la roche, le sentier est bien plus clair. Nous dépassons le groupe qui fait une pause, grimpons et continuons tranquillement jusqu’à une paroi abrupte d’éboulis. De là nous dominons un lac et un petit glacier :P1090106

Après un moment d'ascension, cela nous semble dangereux et nous préférons redescendre pour contourner cette partie de la montagne par un chemin beaucoup plus long mais plus sûr. Nous apprendrons plus tard que le premier sentier abrupte était le bon mais mieux vaut être trop prudent. Nous voici de nouveau en train de progresser hors du chemin classique à la recherche d'un cairn ou d'un sentier de ce côté moins rocailleux et beaucoup plus vert :
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La carte indiquait qu’il fallait passer un col, nous grimpons donc et arrivons bientôt au sommet. La vue est magnifique. On voit très loin dans la vallée tout le chemin que nous avons parcouru : la montagne, le glacier, la rivière que nous avons traversée, le lac que nous avons contourné et les collines boisées derrière lesquelles se trouve la ville :
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Nous continuons encore un peu, le vent est très fort au moment de traverser le col, et Vineta s'amuse à se faire déséquilibrer par le vent :
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Nous arrivons à un petit lac dont la surface est modelée par le vent. (vidéo à venir)
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Encore quelques mètres et nous arrivons en vue de l’autre versant. C'est spectaculaire : d'ici nous dominons tout le glacier Viedma qui s’étend à perte de vue.
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Nous retrouvons là le groupe que nous avons suivi un peu plus tôt. Pendant que les touristes prennent leur photo à 500$, leur guide vient nous parler. Il nous conseille de continuer jusqu’au refuge qui se trouve un peu plus bas puis il rebrousse chemin avec son groupe. L’autre possibilité serait pour nous également de rentrer mais nous décidons de continuer jusqu’au refuge. Les indications du guide sont assez simples : descendre puis progresser vers la gauche sur le flanc de la montagne en suivant une rivière. Mais après une heure de marche nous ne trouvons toujours pas de sentier. Depuis chaque nouveau point haut, nous scrutons l’horizon à la recherche de ce qui pourrait être un refuge. Nous croyons souvent apercevoir un toit mais ce ne sont que de gros rochers. Finalement nous arrivons à un sentier.
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Nous sommes rassurés mais sans carte nous ne pouvons qu’espérer ne pas avoir déjà dépassé le refuge. Et enfin, au bord d’un lac et d’une rivière, nous voyons finalement apparaitre le refuge tant désiré !
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C’est une cabane en tôle avec un toit rouge relié au sol aux 4 coins par de solides câbles métalliques. Nous sommes d’abord surpris car l’endroit semble abrité et il n’y a pas trop de vent à notre arrivée, mais lorsqu’il se lèvera dans la nuit, nous comprendrons que ce n’est pas du luxe. Il y a une petite fenêtre et à l’intérieur deux grands plans de bois superposés pour faire des lits, une table, 2 bancs et une petite étagère. Nous sommes seuls et les précédents occupants ont laissé un petit carnet avec des mots très sympa et de petits objets symboliques comme la mini bouteille de champagne de quelqu’un qui a fêté le nouvel an ici. C’est du grand confort pour nous même s’il fait très froid. En plus, la rivière se trouve juste devant la porte ce qui est vraiment pratique car nous n'avons pas à nous geler longtemps pour aller filtrer de l'eau et pour faire la vaisselle.P1090245
Le vent fait un bruit terrifiant et les murs tremblent toute la nuit. Mais cela ne nous impressionne pas - surtout après la nuit précédente - car nous savons que nous sommes en sécurité. Nous dormons très bien.

18 janvier 2011

Une nuit au pied du glacier (Paso del Viento 2)


Nous ne sommes prêts à partir que vers 14h ce qui fait très très juste pour arriver au premier refuge avant la nuit. Nous décidons quand même de partir et juste à ce moment là, une silhouette familière arrive au camping : c’est Romain dont nous n'avions plus de nouvelles depuis Pucon (le volcan). Il ne viendra malheureusement pas avec nous mais nous accompagne jusqu'à la rivière pour nous prendre une dernière fois en photo.

Nous allons ensemble jusqu’à la laguna Toro, nous la contournons et arrivons à la rivière qui l'alimente. L'eau vient directement du glacier tout proche et elle est gelée !P1080971

1ere difficulté : traverser une rivière glaciale

La tyrolienne est HS et le seul moyen de passer est de traverser pieds nus dans l'eau glaciale.
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Nous nous déshabillons dans le froid et le vent, puis nous marchons pieds nus sur les cailloux piquants. Le premier contact avec l’eau est douloureux comme une brûlure, puis bientôt les pieds sont insensibilisés et difficiles à contrôler. L’eau mouille mon caleçon et monte jusqu'au bas du sac à dos de Vineta. Même à l’endroit le plus large, le courant est très fort car il a plu la veille. Nous avançons en nous aidant des bâtons et fermement accrochés l'un à l'autre par un bras. Le courant nous déstabilise et nous emporte presque mais nous résistons.

A peine arrivés de l’autre côté, nous jetons les affaires par terre, nous nous séchons et enfilons les jambes dans nos duvets. L’eau chaude préparée ce matin dans nos poches à eau nous réchauffe comme une bouillotte. J’ai les pieds insensibilisés mais pas Vineta qui se rhabille immédiatement.

Cette première épreuve passée, nous ne sommes complètement rassurés qu’après nous être assurés qu’il n’y a pas un autre bras de rivière à traverser.

2ème épreuve : l’escalade

De l'autre côté de la rivière, nous cherchons des indications du sentier… en vain ! Nous sommes bloqués par un pic rocheux. Nous entreprenons de l’escalader par différents endroits mais rebroussons chemin à chaque fois en nous disant que c'est trop dangereux pour être le sentier.

Nous essayons de consulter la carte sur l’appareil photo mais l’écran ne s’allume pas. Il y a comme de grosses flaques dans l’affichage. La veille j’ai séché les circuits mais je pas imaginé que de l’eau s’était infiltrée jusqu’à l’intérieur de l’écran. Cela fait un moment que nous cherchons en vain le chemin et il est vraiment tard, si nous voulons arriver nous ne pouvons plus perdre de temps et nous devons absolument consulter cette carte. Me voici donc sur une paroi rocheuse en train de démonter l’écran avec la lame du couteau suisse sous le vent et la pluie pendant que Vineta prépare des sandwiches. Cette fois ci les LED du retro éclairage semblent mortes. Je remonte le tout vite fait. Fatigués de rechercher le bon chemin, nous escaladons finalement le rocher droit devant nous. Nous arrivons à un pont de glace.

Le pont de glace semble trop fragile, nous préférons ne pas nous aventurer dessus. L’alternative serait d’escalader la falaise rocheuse juste à côté mais elle est vraiment raide.
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Nous faisons demi-tour encore une fois pour escalader un peu plus loin et finalement arriver – par le mauvais chemin certes – au pied du glacier.
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Nous longeons le glacier pendant une heure en marchant sur des éboulis instables. Il est très improbable que ce soit le bon chemin mais nous y avons vu des cairns.
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Finalement il est tard car nous avons perdu beaucoup de temps à chercher le chemin. Nous arrivons à un point où il serait vraiment dangereux de continuer, alors nous rebroussons chemin et installons le campement dans un endroit que nous avions repéré juste avant le glacier, abrité des chutes de pierres, du ruissellement et du vent… sauf celui venant du glacier !
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Je construis un muret de pierre tout autour de la tente, creuse de grandes rigoles et bloque chaque piquet sur une grosse pierre.
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Nous mangeons et nous mettons au lit. Je vérifie au calme les circuits de l’appareil photo mais le rétro éclairage est réellement mort. J’extrais l’écran et, en plaçant une lampe frontale derrière, nous pouvons consulter la carte. Nous comprenons alors qu’il fallait grimper sur le glacier beaucoup plus tôt plutôt que de le longer sur les éboulis. Vineta s’endort pendant que je remonte “proprement” l’appareil.

La nuit, le vent souffle en rafales impressionnantes suivies par des moments de calme. Pas franchement rassuré, je n’arrive pas à m’endormir. Le vent est de plus en plus fort et la tente est secouée très violemment. Je trouve enfin un peu de sommeil grâce à des bouchons d’oreille. En cas d’urgence, Vineta me réveillera. Vers 4h du matin le vent souffle de façon quasiment continue. La tente, solidement entourée de pierres ne peut pas s’envoler mais pourrait se déchirer ou l’armature se briser étant donne la violence incroyable du vent. Mais elle tient bon !

Par contre il fait froid, très froid car la tente est tellement agitée qu'il est impossible d'y conserver l'air chaud même en la calfeutrant. C’est ce qui me réveille !

17 janvier 2011

La laguna Toro (Paso del Viento 1)

Nous partons de bonne heure pour la laguna Toro d’où part le fameux trek non balisé du "Paso del Viento", le plus beau point de vue sur la région. Le sentier part de la cabane des guardaparque où nous passons de bonne heure pour faire enregistrer notre départ et demander une carte. Ils ne sont pas encore là, alors nous les attendons en prenant le petit déjeuner devant leur cabane.

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Malheureusement les guardaparque n’ont pas de carte, nous nous contenterons donc de la photographie de la carte faite la veille. Ils se montrent plutôt décourageants en insistant sur les difficultés de cette randonnée non balisée mais nous donnent finalement l'autorisation de partir.
Le sentier est indiqué pour 7h de marche. Au début nous allons deux fois plus vite et prenons même le temps de grimper en plus jusqu’à un mirador d'où nous ne verrons malheureusement que des nuages.

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Bientôt nous apercevons notre destination : tout au fond à gauche sur la photo on aperçoit le glacier, un lac en dessous. Notre camping est au bord de la rivière, un peu avant le lac.

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La seconde moitié du trajet se fait sous une pluie torrentielle. Chaque ruisseau prend des proportions énormes et devient un obstacle à traverser. Lorsque nous arrivons au campement, nos sacs et nos chaussures sont trempés et l’appareil photo a pris l’eau. Nous installons la tente sur un sol imbibé d’eau et creusons difficilement des rigoles dans un sol plein de racines. Nous dînons dans la tente toutes nos affaires étant mouillées. Le lendemain avec un peu de soleil et beaucoup de vent et nous passerons la matinée à tout sécher.