08 septembre 2010

Réflexions sur ces quelques jours dans la communauté Rainbow

Nous sommes très bien accueillis et essayons de contribuer un maximum pendant ces quelques jours où nous partageons la vie de la communauté. Chacun est accueilli comme un membre de la famille et contribue comme il l'entend. Pour un plus long séjour, une formation est prévue (la communauté fait partie d'un réseau de fermes biologiques accueillant des volontaires, c'est assez répandu sur le continent).
Si j'étais resté plus longtemps, j'aurais aimé contribuer à améliorer les aspects hygiène et soins dans la communauté car ça m'a préoccupé sur place, mais également car cela pose des problèmes intéressants à résoudre dans une communauté qui se veut auto-suffisante.

J'ai imaginé par exemple construire un système de récupération des eaux de pluies pour apporter de l'eau courante dans la cuisine.
Il faudrait se laver les mains systématiquement avant les repas avec un antiseptique comme le savon, mais la communauté refuse le savon industriel afin de préserver la rivière. On pourrait en fabriquer, bien que le régime végétarien limite les apports de graisse, ingrédient nécessaire.
Théoriquement on utilise l'argile et les cendres pour se laver, mais, vu les odeurs corporelles de certains, la mise en pratique n'est pas systématique. Je suis peut-être un peu dur mais je m'inquiète sincèrement car beaucoup de membres de la communauté sont maigres et marchent pieds nus avec des blessures.

Le concept rainbow vient d'europe et des USA. Or je pense que certaines pratiques inoffensives en Europe peuvent poser problème en Amazonie. Par exemple, ici, j'évite de marcher pieds nus et de me baigner dans la rivière lorsque j'ai des blessures. Je désinfecte avec soin et protège mes plaies. Les parasites ne manquent pas et ma récente visite à l'INPA de Manaus qui les étudie m'a rendu encore plus prudent.

Par conviction, la communauté évite l'utilisation de médicaments industriels. Nous avons rencontré plusieurs villages où les habitants (indigènes) se soignaient avec les plantes de la jungle et se transmettaient ces connaissances de génération en génération. Nous avons même essayé certains de leurs remèdes. Mais la communauté ne dispose ni des connaissances des indigènes, ni de leur habitude aux conditions de vie de la jungle. C'est pourquoi contrairement à mes amis rainbow, je préfère être prudent, c'est à dire emporter un maximum de médicaments et d'information sur leur utilisation. C'est ce que j'ai fait en préparant ce voyage.

Dernier point, je ne suis pas végétarien et je pense que la chasse fait partie de l'équilibre naturel. Dans la communauté, les chats sont au régime végétarien mais vont chasser à côte pour compléter leur alimentation.
Finalement le régime végétarien n'est-il pas une déformation artificielle de notre alimentation naturelle ? Cela crée des carences qu'on doit compenser soigneusement. Cela crée un déséquilibre donc nous rend plus fragile.
Si on veut se rapprocher de la nature ne serait il pas plus logique d'être omnivore ?

Nous sommes partis trop tôt pour échanger toutes ces réflexions avec nos amis de la communauté, mais je le ferai à la prochaine occasion. En tout cas c'est une super expérience que de vivre comme ils le font, ce n'est pas facile et ils ont accompli beaucoup de choses en peu de temps. Il reste du chemin mais ils sont bien motivés !

07 septembre 2010

La communauté Arc en ciel (Rainbow ou Arco Iris)

J'ai entendu parler en ces termes d'une "communauté de hippies qui vivent à moitie nus dans la forêt plus ou moins en autonomie aux environs d'Iquitos".
Intrigué, je me renseigne sur internet. Je trouve peu d´infos sur eux, un peu plus sur la famille "arc en ciel" dont ils sont proches.

Depuis le premier rassemblement en 1972 aux USA, les non-membres de cette non-organisation se réunissent dans le monde entier pour expérimenter "la vie en harmonie et se rapprocher de la terre mère".
"L'arc en ciel représente l'union des couleurs de l'humanité, des races et des religions, dans un cercle de lumière et d'amour". La famille arc en ciel promeut l'expression de toutes formes de foi et de spiritualité, dans la tolérance de l'autre et le respect des différences". Source : amazonarcenciel.blogspot.com.
Différentes prophéties annoncent que "lorsque la folie de l'homme aura tout détruit, les guerriers de l'arc en ciel nous sauveront en rétablissant l'harmonie avec la nature et l'humanité".

Concrètement, pour vivre en communauté il faut de l'organisation et des règles, et j'étais très curieux de connaitre les leurs. Je n'ai pas été déçu : par exemple par l'utilisation du "bâton de parole" pour résoudre les conflits. On forme un cercle et le bâton circule. Seul celui qui le tient a la parole. Lorsque le bâton fait un tour dans le silence, on considère le conflit réglé. Efficace mais ça peut prendre du temps.

Intéressé et curieux, je décide d´y aller. Le matin de bonne heure, Marlon, un ami péruvien qui vit avec nous chez Jessica nous accompagne au bus. Nous descendons aux environs du km 53 de la route Iquitos-Nauta et, de là, nous cherchons le chemin qui, après 40 minutes de marche, est censé nous mener à la communauté. Après 2h de marche au soleil, en demandant autour de nous, nous finissons par trouver le bon chemin. Une heure plus tard, nous arrivons !

Une quinzaine de personne vit dans quelques maisons au bord d´une rivière. Le régime est végétarien, même pour les animaux (chiens et chats !).

On cultive des plantes.
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Les graines :
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On filtre l'eau marron de la rivière.
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On se lave dans la rivière avec des cendres et de l´argile.
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On fait la vaisselle avec l'eau de la rivière.
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On forme un cercle pour manger ici.
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On coupe la canne à sucre
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et on la presse pour avoir du sucre.
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En vidéo :


Il y a deux dortoirs
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Nous rencontrons un "peace worker" qui voyage à travers le monde pour diffuse un message de paix. J'aurais bien aimé discuter plus avec lui pour comprendre son étrange concept.
Tristan et ses amis s´investissent depuis deux ans pour mettre en place avec leur association un système autofinancé de toilettes sèches dans le quartier pauvre de Belén (cf. article Belén). Malgré très peu de fonds, ils ont réussi à lancer ce projet ambitieux et à construire des prototypes impliquant plusieurs dizaines de familles.
Shirley, une jeune américaine a le projet de construire un radeau avec des ordures pour descendre une partie de l´Amazone. Elle a recueilli des animaux blessés en ville et partage son assiette et sa tasse avec eux.

Plusieurs projets intéressant sont en cours dans la communauté comme le "temple de la lune" : un lieu de retraite pour les femmes pendant leurs règles (pratique courante dans certaines tribus) et aussi conservation et reforestation d'une partie de la forêt.

06 septembre 2010

Belén et le marché aux sorcières

Belén est le quartier le plus pauvre d'Iquitos.
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Des milliers de personnes vivent dans des cabanes ou des maisons flottantes.
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Nous sommes en saison sèche et le fleuve est descendu laissant apparaître des tonnes de déchets sur les rives.
Il n'y a pas d'eau courante et les toilettes sont de petites cabanes sans fosse sceptique ou canalisation, tout va dans la rivière lorsqu'elle est haute.
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Ce même endroit est le terrain de jeu des enfants et les maladies se propagent.

Un projet un peu fou consiste à installer des toilettes sèches financées par la vente des déchets comme engrais. C'est le projet sur lequel travaille notre hôte, Jessica.

Un peu plus loin, à la limite entre Belén et Iquitos, le marché de Belén est un endroit ou l'on trouve de tout, y compris des animaux en voie d'extinction, vivants ou non.
Par exemple des petit singes :
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Un paresseux bien malheureux, à vendre pour 8 euros. C'est peu de choses et on est bien tenté de l'acheter pour le libérer, mais en réfléchissant un peu qui achèterait un Paresseux ?? Si ce n'est un touriste ému qui, croyant bien faire, alimente ce triste business...


Des tortues bien vivantes sous la table et au dessus ce qu'il en reste après une véritable boucherie !
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Des oeufs et d'autres tortues.
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Des brochettes de gros vers. Et dans la bassine bleue, les mêmes vivants !
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Et beaucoup d'autres choses. Les enfants ont l'habitude de dormir sur les étalages, même chez les poissonniers, ou de jouer comme ici :
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Au dessus les vautours attendent leur tour.
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03 septembre 2010

Panique !

Peu après avoir quitté le camp, nous apercevons d'autres humains. Nos amis Laura et Andrew qui ont eu la drôle d'idée de partir avec leurs lecteurs mp3 ont peur de se les faire voler et Walter renvoie Lucio au camp pour surveiller les affaires et préparer le déjeuner.
Nous continuerons donc avec lui seul. Mais après quelques heures je vois son niveau de stress augmenter : d'abord il parle moins, puis il commence à marcher de plus en plus vite. Quand il commence à changer de direction, il n'y a plus de doute, il est perdu, nous sommes perdus dans la jungle !!

Nous sommes partis légers comme nous l'a conseillé Walter. Sans nos poches à eau et notre filtre car il était sensé "s'occuper de tout". Nous avons pris seulement une petite bouteille d'eau pour cette promenade de quelques heures.

Partis de bon matin, nous commençons à regarder le ciel avec crainte en nous demandant quand va tomber la nuit. Difficile d'envisager de dormir sans moustiquaire. Il faudrait faire un feu tout autour de nous, mais s'il pleut...
J'ai été bien inspiré d'acheter un guide de survie et de le lire pendant les longues journées en bateau !

Nous épuisons vite nos petites bouteilles d'eau. La marche de plus en plus rapide, la chaleur, les vêtements longs à cause des moustiques, les bottes non respirantes, la transpiration... La bouche sèche, les premiers maux de tête, la fatigue, peu d'urines mais foncées, ce sont des signes de déshydratation.

Walter avance de plus en plus vite. Vineta qui était déjà un peu malade a du mal à suivre et je m'inquiète pour elle. Je propose de faire une pose. Walter ne veut pas s'arrêter et propose de foncer devant puis de revenir nous chercher. Andrew a peur qu'il ne puisse pas revenir et Laura ne veut pas rester derrière. Vineta courageuse décide de continuer et nous ne feront pas de pause.
Andrew qui est le dernier à avoir de l'eau l'offre généreusement à Vineta sous le regard effrayé de Laura qui se dit qu'on n'aura rien d'autre avant demain.

Nous essayons de rejoindre la rivière où Lucio pourra venir nous chercher facilement. Mais la jungle est de plus en plus touffue et il devient très difficile de se frayer un chemin à la machette. Nous cherchons un passage et faisons demi-tour plusieurs fois.


Voir carte GPS.

Les dernières réserves épuisées, je demande à Walter de couper des branches pour remplir une bouteille de cette eau orangée contenue dans les racines.

Nous envoyons des signaux en tapant régulièrement sur les troncs de fromagers avec une branche. Finalement quelqu'un répond à nos appels. Nous sommes sauvés, c'est Lucio qui vient nous chercher !
De retour au camp nous nous jetons sur les bidons d'eau, heureux de s'en être sortis !

Pour oublier la frayeur, nous partons immédiatement en canoë pêcher le piranha.
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Vineta aura le 1er poisson : un Turunari.
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Le soir nous retournerons sur le rio, de nuit avec nos lampes. Nous verrons un serpent corail et une raie. Nous pêcherons de la façon la plus archaïque : au harpon (un trident). Le principe est très simple mais il faut être vraiment rapide.

Le soir il y aura nettement moins de moustiques. La nuit sera sèche, le ciel dégagé et je dormirai paisiblement entouré d'écureuils et sans me faire piquer !