23 novembre 2010

Les mines d'argent de Potosi

Nous prenons le bus de nuit pour Potosi, l'une des villes les plus hautes du monde (4090m). Grâce à ses mines d'argent exploitées depuis 500 ans, cette ville fut à une époque la plus riche du monde. L'exploitation se poursuit aujourd'hui dans des conditions techniques qui ont peu évoluées depuis l’époque coloniale, où le travail était fait par des esclaves. La mastication des feuilles de coca aide à supporter ce terrible travail souterrain en haute altitude (le Cerro Rico où se trouvent les mines culmine à 4824m). A tel point qu'au XVIème siècle l’église, après avoir déclaré la coca satanique, a encouragé son utilisation afin de faire plus de profit au dépend des esclaves africains qui mourraient en travaillant dans d’atroces conditions.

La visite de la mine n'est pas sans risques comme nous le rappellent nos livres. Nous apportons donc le plus grand soin au choix de l’agence qui nous y emmènera. Nous opterons pour avec la seule agence crée et gérée par des mineurs et nous ne le regretterons pas.
Notre guide, Reynaldo Ramirez Uzeda, nous emmène d'abord dans le quartier des mineurs pour nous équiper. Le matériel est très basique et les mineurs que nous croiserons n'ont pas mieux : bottes en caoutchouc, pantalon et veste imperméables (non respirant), casque et lampe frontale électrique avec une lourde batterie accrochée a la ceinture. Ces vielles lampes encombrantes éclairent infiniment moins que nos frontales à piles ! Un simple foulard autour du cou filtrera l'air.

P1060312Ainsi équipés, nous allons faire des achats. D'abord des cadeaux pour les mineurs : feuilles de coca et catalyseur (une pate qui accélère considérablement l’effet de la mastication), jus d'orange et ce qu'ils apprécieront le plus : de l'alcool potable à 96 degrés ! Enfin, pour la démonstration finale : un bâton de dynamite, un détonateur, une mèche, et du chlorure d'ammonium pour amplifier l'explosion. Et c'est parti, direction la mine !

P1060304La mine s’étend à perte de vue. La montagne (le Cerro Rico) est un vrai gruyère, il y a des centaines d’entrées et les mines communiquent toutes entre elles. Toute la zone est très sale, les ordures jetées par terre se sont accumulées. Malheureusement, depuis 4 mois en Amérique du sud, nous sommes habitués à ce spectacle qui ne nous choque plus.


Comme les mineurs nous donnons un nom à notre groupe. Nous sommes 6 avec Reynaldo, Romain (un parisien très sympa que nous avons rencontré le matin à la gare et que nous recroiserons plusieurs fois dans les mois qui viennent) et deux belges.

Nous entrons dans la mine.
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Nous sommes dans une des sections les plus modernes, équipée de tuyaux d'air comprimé capable d'actionner un marteau piqueur. Mais cette utilisation est très rare probablement à cause de son coût et le travail se fait principalement à la main. Cette mine est une coopérative, les mineurs travaillent seuls ou en petit groupe et vivent de la vente du minerai qu’ils récoltent.
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D'autres mines sont privées et salarient les mineurs, mais ici le rêve est entretenu par l'exemple d'un mineur devenu richissime.

A mesure que nous nous enfonçons, l'air devient moins respirable. Dès que l’on accélère le pas, il devient difficile de récupérer son souffle au travers du foulard en tissu, aussi beaucoup de mineurs ne s’embarrassent pas d'une telle protection.
Les poutres en bois qui soutiennent la voûte sont en très mauvais état, beaucoup sont partiellement rompues et la voûte commence à s'affaisser. Nous progressons en marchant la tête baissée lorsque la hauteur le permet, parfois à genoux ou même en rampant.
P1060260Les mineurs que nous rencontrons ont entre 23 et 52 ans. La plupart a commencé à travailler vers 13 ans. Certains ont commencé la journée à 5h ce matin et il est 16h. Notre visite est une distraction pour eux et ils apprécient nos petits cadeaux, surtout l'alcool à 96 degrés. Ils nous expliqueront, et tenteront de nous démontrer que c'est moins nocif que la bière ou le whisky.
Un lourd chariot sur des rails endommagés permet de sortir le minerai. C'est vraiment très lourd à déplacer, même à quatre : deux personnes poussant et les autres tirant avec des cordes.
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Le chargement et déchargement du minerai sont des opérations très éprouvantes, d'autant plus que cela remplit l'air de poussière le rendant irrespirable.
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Dans certains secteurs il fait très froid, mais la température monte facilement jusqu’à 45 degrés dans les galeries les plus étroites.
P1060232Les mineurs passent plus de temps éveillé dans la mine qu'à l'extérieur, ils nous racontent qu'à l'âge de la retraite beaucoup n'arrivent pas à se faire à la vie à l'air libre et préfèrent retourner à la mine. Souvent ils tombent malades et leur santé se dégrade rapidement. Les mineurs ont leur propre divinité, fruit d'un syncrétisme religieux. C’est le Tia (nom dérivé de la prononciation Quechua de l'espagnol "dios") qui règne quelque part entre le ciel et l'enfer, notions introduites par les espagnols.
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Comme on le voit sur la photo, les mineurs l'honorent en toute occasion apportant des offrandes comme : cigarette, alcool, coca, boissons et nourriture... bref tout ce que les mineurs aiment consommer.

La visite de la mine nous a permit de bien nous rendre compte de ce qu’est la vie et le travail dans ce monde souterrain. Ce qu’on avait du mal à l’imaginer juste avant est maintenant une réalité bien concrète ancrée dans nos esprits. Pendant quelques heures nous avons vu le quotidien des mineurs, nous avons discuté avec eux, rampé et transpiré en respirant le même air. Certains étrangers poussent l'expérience jusqu'à aller travailler un mois à la mine comme ce médecin français dont notre guide, Reynaldo nous a parlé.


Après la visite de la mine nous passons aux travaux pratiques : manipulation de dynamite. On prend le bâton de dynamite, on l'ouvre, l'intérieur contient une pâte verte semblable à du wasabi. On coupe cette pate verte en 3 morceaux pour en faire une sorte de boule comme si c’était de la pâte à modeler. On plante le détonateur dedans, et on enfonce la mèche. On place le tout dans un sac plastique contenant le chlorure d'ammonium. Après avoir allumé la mèche, on a environ 2 minutes et boum !


Notre guide nous conduit à l'usine où le minerai est raffiné avant de quitter le pays pour être transformé en argent à l'étranger.
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19 novembre 2010

La Paz, Bolivie


La Paz est une ville très étonnante. Elle est située à quelques 3000m d’altitude dans une sorte de grand canyon. La vieille ville, construite dans le creux est à l'abri du vent et bénéficie d'un climat plus doux. Les quartiers les plus pauvres sont en hauteur et il y fait nettement plus froid du fait de la différence d’altitude et de l’exposition au vent.
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Étrangement on se sent ici dans une capitale, bien plus qu'à Lima. Il y a une agitation permanente, toujours du trafic, la ville est très étendue.

Les prix sont comparables à ceux pratiqués à Paris sauf qu'ici on paye en bolivianos, et un euro vaut 10 bolivianos. Par exemple on peut déjeuner dans un bon restaurant pour 20 à 30 bol. Le soir c'est généralement 40 a 60 bol par tête. Un hôtel très correct en plein centre coûte 80 bols pour une chambre double, 140 avec salle de bain et TV (pour 2). Un cours de danse coûte entre 10 et 20 bol, compter 30 à 50 pour un cours privé et les cours privés d'espagnol coûtent 55 bols.
Concrètement, en tant que touriste c’est comme si on avait 10 fois plus de moyens qu'en France. Et même si on est dans l’un des pays les plus pauvres du continent, on trouve à La Paz une grande variété de produits et de services. Nous en profitons donc pour prendre des cours intensifs d'espagnol et nous initier sérieusement au tango en prenant des cours privés avec les meilleurs profs.

La circulation est infernale même si les conducteurs sont légèrement plus éduqués qu'au Pérou. Et dans la vieille ville, la pollution est un gros problème.

Nous logeons dans le quartier historique à l'hôtel Torino que nous a conseillé Loïc. C'est un ancien palais qui a été reconverti en un complexe comprenant : hôtel, 2 restaurants, un café, un cybercafé, plusieurs salons de danse et de conférences. Le lieu est exceptionnel:
Le restaurant qui ne fonctionne qu'à midi avec une formule à 22 bols et généralement un orchestre chaque jour.
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Le salon de danse : oui, l'hôtel propose de nombreux cours !

Le café est également très bien : beau cadre, nourriture très correcte avec du pain excellent (chose rare). C’est un endroit plutôt chic, mais certains détails montrent qu’on est Bolivie, par exemple ils coupent en deux les serviettes en papier pour faire des économies !

Encore un détail amusant, les chambres "éco" où nous sommes (sans salle de bain) ressemblent vraiment à des cellules. D'ailleurs il n'y a pas de serrures mais on les ferme avec de gros cadenas.

Queen en concert !! (enfin Doctor Queen)

Ce soir nous allons avec nos amis Stéphane (que je n'ai pas vu depuis des siècles) et Loic assister au concert de doctor Queen dans le stade de La Paz !

14 novembre 2010

La route la plus dangereuse du monde

En septembre 2006 Mathias (qui a toujours des trucs rigolos) m'a envoyé un diaporama powerpoint montrant une route spectaculairement dangereuse en Bolivie. Je m'en souviens encore si bien que j'ai pu retrouver le document disponible ici. Voici les principales photos qu'il contenait :

Aujourd'hui une autre route, moins dangereuse, a été construite pour les camions mais l'ancienne route existe toujours et les gens d'ici l'appellent la route la plus dangereuse du monde, ou "death road".

La route part à 4850m d'altitude et arrive en bas à 1080m, ce qui représente un dénivelé d'environ 3800m sur une longueur de 63km. Ce matin nous partons à vélo nous faire cette impressionnante descente, sans doute la plus longue au monde. Cliquez ici pour voir notre trace GPS.

PACHA ADVENTURE 14-11-10 F 028

Voici une vidéo :


et notre diaporama :

12 novembre 2010

Kalamarka en concert à La Paz

Ce soir nous allons au concert de Kalamarka dans un grand stade de La Paz avec nos amis. Ce groupe joue de avec des instruments traditionnels des andes qu'ils complètent avec des instruments modernes. Kalamarka a remporté plusieurs disques d'or et de platine et connait un grand succès ici, en Bolivie mais également en amérique latine et sur les autres continents.
Les musiciens, boliviens vivent actuellement en France.
Kala Marka signifie "ville de pierre" en langue aymara.
Voici quelques extraits du concert en vidéo :

06 novembre 2010

Huayna Potosí : notre première ascension à 6000m

Le Huayna Potosí est une montagne en Bolivie, située à environ 25 km au nord de La Paz dans la Cordillera Real. Le sommet, couvert de glace toute l'année, est l'un des plus beaux et plus célèbres du pays.
C'est le grand mont blanc au centre de la photo.
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Nous décidons de tenter son ascension en 3 jours. Nous partons à 3 avec Hervé (un ami français que nous avons rencontré sur le lac Titicaca) accompagnés de deux guides expérimentés, ainsi, si quelqu'un se sent mal il pourra rentrer avec l'un des guides tandis que les autres continueront.
La veille nous avons rencontré des touristes qui ont du faire demi tour avant d'atteindre le sommet. Ils n'ont cependant pas regretté l'aventure et nous ont prévenus que ce serait difficile.
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Nous commençons par nous familiariser avec l'utilisation de notre équipement : crampons, piolet, baudrier et corde.
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Notre guide, "super Mario" nous fait pratiquer différentes techniques de marche avec les crampons : marche en zigzag, pas latéral : croisé pour monter mais pas à la descente, montée et descente frontales, puis escalade et finalement descente en rappel :
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Chargés de tout notre équipement nous nous mettons en route vers le 2ème camp de base (5130m). Comme nous venons de passer plusieurs semaines dans des villes de montagne au Pérou, nous sommes acclimatés à une altitude d'environ 3000m.
En dépassant les 5000m, nous commençons à sentir le manque d’oxygène. Nous mâchons des feuilles de coca pour nous aider et buvons beaucoup de maté (infusion) de coca.
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Nous arrivons en début d’après midi au refuge :
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Après un bon déjeuner nous essayons de dormir car nous entamerons l'ascension à 1h du matin (pour avoir de la glace bien dure). Un demi comprimé de stilnox nous aide à trouver le sommeil et nous permet de partir frais, à la lueur de nos lampes frontales.
Nous avons plus de 1000m de dénivelé à grimper avec des crampons en seulement 6h. Nous partons donc avec la charge minimum (petit sac à dos) et laissons le reste au refuge. Il fait très froid et, pour la première fois depuis le début du voyage nous utilisons tout notre équipement (sous vêtements thermiques, 2 polaires,...)
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Nous marchons en rythme avec la respiration qui doit rester lente. Il faut éviter de transpirer car il fait très froid, marcher lentement, mais sûrement. Nous grimpons, et parfois escaladons...
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Nous passons des obstacles spectaculaires :
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Vers 6h nous avons droit à un magnifique lever de soleil sur la montagne :
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L'ascension continue...
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Le sommet est en vue, nous sommes déjà au dessus des 6000m et désormais chaque pas demande un effort considérable. Je compte 3 respirations pour faire seulement un pas.
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Mais nous sommes récompensés par une vue magnifique :
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Et nous arrivons finalement, le sommet, à 6188m !
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Nous rentrons à La Paz le soir même, épuisés mais heureux !