23 janvier 2012

Le Têt : danse de la licorne ou danse du lion (Mùa Lân)

La danse de la licorne ou danse du lion (Mùa Lân en vietnamien) est d’origine chinoise. Générale pratiquée par les élèves des écoles d’arts martiaux, elle requiert de bonnes bases techniques. La licorne est un animal mythique qui apporte bonheur, fortune et prospérité. Par sa danse, elle chasse les esprits malins qui ont pu sévir tout au long de l’année écoulée. La licorne déambule et danse au son du tambour, du gong et des cymbales laissant entrer fortune et la chance dans les demeures qu’elle visite.

Les enfants s’entrainent à cette dance toute l’année et cela donne lieu à des compétitions. Il est de coutume que les jeunes danseurs viennent danser devant chaque maison. Si leur danse porte chance à la maison visitée, elle coûte cher car il faut donner de l’argent à chaque enfant ! Nous les entendons s’approcher avec leurs gros tambours mais ils ne viennent pas jusqu’à la maison. Je suis déçu mais il me semble que la famille ne l’est pas trop.

Heureusement nous avons assisté à la danse de la licorne le jour de notre arrivée en ville et également à la danse du dragon.

Le Têt : culte des ancêtres & tradition culinaire (foetus canard)

Le culte des ancêtres
En ce 1er jour de l’année, chaque foyer accueille symboliquement l’esprit des ancêtres de la famille du père qui resteront 3 jours avec nous avant de repartir. Ainsi Hoa (le père), toujours habillé avec soin, accomplit un rituel avant chaque repas. Il grimpe sur un escabeau pour fait une prière devant l’autel des ancêtres, allume 3 bâtons d’encens et fait retentir 2x3 coups de gong. Puis il redescend, prie de nouveau et allume de l’encens devant un plateau de nourriture, toujours pour les ancêtres, et un second, hors de la maison, pour les défunts sans famille pour les nourrir. Ensuite il accomplit le même rituel devant de petits autels : l’un face à la maison, l’autre dans la cuisine et enfin à côté de celui des ancêtres devant l’autel de prospérité pour la maison.

Nous attendons environ 30 minutes que l’encens se consume totalement puis c‘est nous qui mangeons tous ces plats.

Les vietnamiens croient que, là où sont partis, leurs ancêtres défunts ont besoin de nourriture mais aussi d’argent. Aussi, on prépare chaque jour pour chaque défunt des papiers dorés et de l’argent (des billets factices sur lesquels on écrit le nom de la personne à qui ils sont destinés). Le père de famille brûle chaque jour une quantité de ces papiers les transmettant ainsi aux ancêtres. En tant que fils ainé, c’est à lui de s’occuper de ses parents, et il a déjà transmit cette tradition à son fils.
Quant à l’autre branche de la famille, le grand frère de la maman s’en occupe chez lui.



Thông nous explique que la première personne étrangère qui franchit le seuil de la maison apporte la chance ou le malheur (selon sa personnalité) à la famille pour toute l’année à venir. Ainsi il faut la choisir avec soin. Les pauvres et mendiants sont bannis, certaines personnes vont jusqu’à se barricader chez eux pour ne pas laisser entrer les indésirables. Je demande alors à Thông qui sera la première personne à franchir le seuil mais il me répond que c’est déjà fait. En effet, rappelez-vous, hier après minuit, donc ce matin avant d’aller à la pagode, j’étais involontairement le premier à entrer dans la maison !!!

Heureusement cela semble leur convenir d’autant que je suis né l’année du dragon, animal qui - comme le cochon - porte chance. D’ailleurs on ne cesse de l’entendre, il y aura beaucoup de naissances en 2012 en Chine et au Vietnam car les gens veulent tous avoir un enfant dragon, même s’il parait que cette année le dragon sera moins bon que d’habitude.


Foetus de canard
Aujourd’hui nous goutons au Hột vịt lộn, une spécialité culinaire locale dont on nous a beaucoup parlé. Il s'agit un d'œuf de canard cuit à la vapeur. Jusque là rien de très original, sauf que l'œuf de 18 jours est incubé et le fœtus est déjà largement formé.

Il parait que c’est très bon et très protéiné, les gens d’ici apprécient la saveur et la texture du foetus. On le mange accompagné avec de bière et assaisonné avec une pincée de sel. Le bouillon qui entoure l'embryon est bu à petites gorgées puis le jaune et le caneton doivent être mangés. Je dis « doivent » car ce n’est pas franchement appétissant. On distingue clairement la petite tête avec son bec, les ailes avec ce qui ressemble à de petites plumes. Globalement cela à un gout d’œuf mais parfois cela craque sous mes dents et j’en retire un minuscule os.



Ce premier jour de l’année est le jour de la famille. Nos amis vont rendre visite au grand-père et nous insistons pour qu’ils y aillent seuls car cela nous semble plus approprié.
La tradition veut qu’on donne à chaque enfant (mais aussi aux grands) de la Lucky money : de l’argent dans une enveloppe rouge, cela porte chance.

22 janvier 2012

La veille du Têt (le 22 janvier) dernier jour de l'année

La veille du Têt (le 22 janvier) tout le monde s’attache à terminer les préparatifs. La maison doit être propre car on ne doit pas balayer dans les prochains jours. De même toute la nourriture doit être préparée à l’avance. Mais le plus important est de préparer l’autel des ancêtres en le garnissant d’une immense corbeille de fruits.

Tous les arbres de la maison sont décorés de petites pancartes rouges et dorées portant des inscriptions. Nous prenons chaque repas en famille, par terre, dans le salon.

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Song nous enseigne une recette de crêpes vietnamiennes : épaisses et sans lait, on les cuit avec du soja, des crevettes non décortiquées (comme au Pérou), du porc. On cuit les crêpes dans un wok ce qui demande une certaine technique mais on s’y fait vite. On sert ensuite ces crêpes épaisses pliées en 2 puis on les mange en petits morceaux dans un rouleau de papier de riz (comme pour les rouleaux de printemps) avec de la salade et assaisonné de Fish sauce.
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Bien Hoa
Après le diner vers 21h nous partons à pieds avec Thông pour une grande promenade dans un parc puis en ville. Plus tard nous allons assister au feu d’artifice de minuit au centre ville. Une foule immense a eu la même idée mais contrairement à nous les gens sont venus en scooter, créant un embouteillage monstrueux. En attendant minuit nous observons un jeu de chat et de la souris entre les milliers de scooters qui s’arrêtent au milieu de la rue pour attendre le feu d’artifice et la police qui tente de les faire circuler. Les policiers ont beaucoup d’autorité au Vietnam, mais ils sont complètement débordés.

Le feu d’artifice éclate à minuit marquant le passage au Têt du dragon sous les acclamations de la foule enthousiaste. Nous rentrons ensuite à la maison derrière Thông que je n’ai jamais vu marcher aussi vite ! Peu après minuit, nous sommes de retour devant la maison. Nous retrouvons la sœur et son copain et nous apprêtons à repartir pour aller tous ensemble prier à la pagode voisine. Profitant alors de ces quelques minutes pour aller chercher un objet dans la maison, je franchis précipitamment le seuil sous le regard des parents sans rien remarquer de spécial. Ce n’est que le lendemain que je comprendrai…

Après s’être déchaussés à l’entrée de la pagode, nous entrons derrière nos amis qui nous donnent des bâtons d’encens que nous allumons sur chacun des nombreux petits autels en faisant une prière.
De retour à la maison, toute la famille se réunit pour célébrer la nouvelle année. Le père Hoa ouvre une bouteille de champagne hongrois portant des inscriptions en cyrillique (probablement destinée à l’export en Russie). La bouteille a beau ne pas être fraiche la boisson me semble délicieuse !

C’est la première fois que nous buvons de l’alcool. La veille, Hoa a bien ouvert une bouteille de vin pour en servir un verre à ses ancêtres mais nous n’y avons pas touché. De même, en ville, nous avons observés que tous les vietnamiens attendent gentiment minuit pour commencer à picoler !
Finalement nous allons nous coucher vers 2h.

21 janvier 2012

Le Têt (nouvel an vietnamien) dans une famille !

Après 6h de trajet depuis Da Lat, le bus de Sinh café nous dépose sur le bord de la route, 40 km avant Saigon. Nous arrivons chez notre ami Thông quelques minutes plus tard.

Le Têt est la fête du nouvel an vietnamien et correspond globalement au nouvel an chinois. C'est la fête la plus importante de l'année, elle a lieu le jour de la première lune, au milieu de la période séparant le solstice d’hiver de l’équinoxe de printemps. Les festivités duraient autrefois plus de deux semaines mais la vie moderne les a considérablement raccourcies : seulement quelques jours avant et surtout 3 jours après le Têt. Autrefois pour ce peuple de paysans attaché depuis des millénaires au travail de la terre, le Têt correspondait à la fin de l'hiver, unique moment de repos. Etant donné le climat vietnamien, le Têt annonce déjà l’arrivée du printemps. Les vietnamiens prennent généralement 2 semaines de congés pendant cette période pour rejoindre leur famille ce qui fait que les transports sont saturés dans tout le pays. Les prix augmentent considérablement et beaucoup de commerces ferment. Ainsi pour les voyageurs, il n’y a strictement rien à faire pendant la semaine du Têt car tout est fermé et c’est une fête familiale.

Après avoir longtemps cherché, nous avons trouvé une famille pour nous accueillir pendant cette période. Malheureusement notre hôte a annulé à la dernière minute. Nous avons alors écrit à quelques personnes sans beaucoup d’espoir, c’est alors que Thông nous a répondu. Nous n’osions pas y croire ! En effet, nous sommes encore des inconnus pour ces gens, alors pourquoi nous accueilleraient-ils pour partager un moment aussi intime et important ?? D’autant que pour les vietnamiens, ces quelques jours sont sensés conditionner le bon déroulement de toute l’année à venir !

Mais le miracle a eu lieu et après quelques échanges d’emails, nous voici assis avec Thông dans le salon familial. Notre ami travaille à Saigon et comme tous ceux qui le peuvent, il est venu passer les fêtes du Têt en famille. Il parle assez bien anglais et nous présente sa famille : Hoa et Song, ses parents, Thủy sa sœur et Út sa grand-mère âgée de 84 ans. Les parents ne parlent pas anglais et la sœur un tout petit peu.
Bien Hoa

Nous sommes deux jours avant le Têt et les préparatifs sont déjà bien avancés : des fleurs jaunes ont été placées dans l’arbre devant la maison, au centre du salon se trouve l’autel des ancêtres décoré de fruits et d’un arbuste.

Ce soir, Thông va diner avec ses anciens camarades de lycée. Nous allons nous promener avec Thủy et à son petit ami Tho qui parlent un tout petit peu anglais. Nous sommes les seuls étrangers en ville, et durant tout notre séjour à Biên Hòa nous ne croiserons pas un seul occidental !

P1090894Nous visitons le marché aux fleurs, typique en fin d’année. En effet, la tradition veut qu’on utilise beaucoup de fleurs (jaunes dans le sud et plutôt rouges dans le nord du pays) et d’arbustes pour célébrer le Têt et honorer ses ancêtres.

Aussi, depuis deux semaines des marchés comme celui que nous visitons ce soir se sont montés dans tout le pays. Nous arrivons à l’heure de pointe et il nous faut plus de 30 minutes pour pénétrer dans le marché tant le flot de scooters est dense. Une fois à l’intérieur nous traversons des allées entières de fleurs jaunes et d’arbustes chargés de mandarines. Toute la ville semble s’être donné rendez-vous au même moment pour faire ses achats. Les gens repartent à pied transportant une véritable forêt sur leurs épaules ou plus généralement sur un scooter.
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Quelques stands exposent des orchidées devant lesquelles les jeunes se prennent en photo avec leur téléphone.

Nous repartons après avoir savouré une boisson locale au jus de canne à sucre. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons pour assister à une danse de licornes puis de dragons accompagnés par des tambours (voir vidéo).
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De retour à la maison, Song (la mère) épluche pour nous de délicieux pomelos. Dans cette variété, différente de celle que nous connaissons, seule la chair se mange et il faut éplucher chaque quartier. Nous nous installons sur le sol. Je suis très surpris car nous aurions largement la place de nous assoir juste à côté sur le canapé qui est assortit d’une table basse ! Mais non, on s’installe par terre, et Song découpe et pose les fruits à même le sol !

Nous dormons au même endroit sur un matelas posé au sol et protégés par une grande moustiquaire.

19 janvier 2012

Arrivée à Da Lat, et visite de la région en easyrider

Nous prenons un taxi puis un grand bus et 7h plus tard un autre taxi nous conduit à l’hôtel le moins cher du Lonely Planet.

Da Lat est une charmante ville de montagne prospère épargnée par la guerre. Le micro climat est propice à l’agriculture. Des roses y poussent toute l’année ainsi que du café, des fruits, etc…
Le lendemain nous retrouvons Huan, un jeune guide dynamique qui devait nous héberger mais n’a finalement pas pu. Il nous emmène le lendemain avec sa horde d’easyridesrs (mototaxi touristique) visiter la région en compagnie de John (israélien) et de Katarina (finlandaise). Nous visitons l’une des nombreuses fermes de roses surbookée par le Têt, puis une plantation de café : le Vietnam est le second exportateur de café après le Brésil ! Dans la campagne les rues (et même les routes) sont recouverte de café qu’on fait sécher.
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Le café le plus réputé d’Asie et le plus cher provient des excréments d’un petit animal. Le passage des grains de café dans l’appareil digestif de l’animal est sensé lui donner du gout !
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Avant la torréfaction le grain de café n’a strictement aucun gout !
Nous buvons un café à la vietnamienne : très fort et très sucré. Après un filtrage basique on le boit avec du lait concentré.

Nous visitons une usine de soie,
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une cascade, un temple bouddhiste (ici la croix svastika va vers la droite, au contraire du sens japonais et coréen).
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Nous assistons ensuite à la production de vin de riz : le riz gluant mélangé à une sorte de levure fermente deux semaines puis on le distille à la chaleur des cosses de café brulées.
Enfin nous visitons la folie Hang Nga : une maison à l’architecture incroyable rappelant Gaudi ou les maisons de Pablo Neruda au Chili.
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18 janvier 2012

Chez nos amis de Buon Ma Thuot

Le taxi nous laisse à Buon Ma Thuot devant la maison de nos hôtes Tam et Trang. Tam est enseignant, Trang caissière. Ils sont jeunes et d’une grande gentillesse. Leur petite maison jouxte celle des parents qu’on ne nous présentera pas. Le premier soir nous leur montrons nos vidéos et leur donnons un petit cours de salsa. Ils préparent des crêpes, recette apprise d’un précédent voyageur.

Le lendemain matin ils nous donnent un plan et toutes les indications pour organiser notre journée de visite, puis ils nous conduisent en mobylette jusqu’au centre ville. De là nous prenons un bus pour le parc national de Yok Don.

Le guide qui nous accueille est seul car le Têt approchant, les gens prennent tous leurs congés. Il s’excuse donc de ne pouvoir nous accompagner (ce qui en réalité nous arrange car c’était de toute façon trop cher pour nous) et, n’ayant rien à nous vendre il nous donne toutes les indications pour nous débrouiller seuls. Nous restons un moment à discuter avec lui puis, partons faire une ballade à dos d’éléphant.

Autrefois nombreux et chassés par les minorités locales, l’éléphant vietnamien est en voie d’extinction et entièrement exploité pour le tourisme ou les travaux. Les 4 éléphants du parc ne travaillent que 2 à 4h, seulement un jour sur 2 et transportent des charges raisonnables (pas plus de 2 personnes). De plus au repos ils sont en semi liberté, ce qui nous décide à tenter l’aventure d’une ballade sur leur dos. Par contre on les attache avec des chaines sans protection en plastique ce qui leur abime les pattes.
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L’éléphant marche un peu plus vite qu’un homme. Installé sur son dos on est très haut et ca bouge beaucoup. Le plus sympa est de voir l’animal s’arrêter pour arracher des arbres avec sa trompe pour en dévorer les racines !

Nous nous promenons ensuite à pied dans les villages voisins de minorités : des maisons en bois sur pilotis.

De retour en ville, nous marchons jusqu’à l’extrémité nord pour visiter un autre village de minorité avec des longhouses traditionnelles : de très longues maisons communautaires ou familiales en bois.
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Puis nous prenons deux mototaxis pour rentrer. Pour la première fois dans cette ville sans touristes, les gens ont été honnêtes avec nous toute la journée. Il faut bien sûr négocier mais nous parvenons enfin à nous débarrasser du sentiment d’être des touristes que la moitié des gens cherche à escroquer et qui en conséquence se montre exagérément méfiants avec l’autre moitié. Quel soulagement !
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De retour à la maison nous trouvons Tam en train de nous préparer à manger.
Il ne sera pas là ce soir et tient absolument à nous laisser à manger. Trang revient tard du travail avec de petits pains pour nous !

Nous partons déjà le lendemain matin car le Têt approchant il y a de moins en moins de bus et les prix vont bientôt être doublés.