21 mai 2012

L’ile aux Ogres à Moulmein (Mawlamyine)

Nous prenons un Ferry pour l’ile aux ogres face à Mawlamyine. Le ferry est une sorte de barge reconvertie en transport de marchandises et de passagers. Il y a peut-être une bouée de sauvetage pour 300 passagers et le bateau transporte toutes sortes de marchandises Nous sommes les seuls étrangers. Les passagers s’asseyent sur les caisses ou généralement à même le sol métallique.

Après une traversée d’une heure, nous arrivons à l’embarcadère et là un policier me demande mon passeport. Je le suis sans rien dire, en souriant mais pas très rassuré. Lorsqu’il me présente un registre, je sors mon vieux passeport annulé et remplis toutes les informations demandées. J’ai fait de même dans le bus, le bateau et à l’hôtel, parfois avec des numéros approximatifs sans que ca ne pose de problème.

Pour parcourir l’ile, nous prenons un taxi local : une charrette à cheval. P1150047 Le conducteur ne parle pas un mot d’anglais mais il est très gentil et nous communiquons par signes. Rapidement il me tend les rênes et le fouet et c’est moi qui conduirai jusqu’au retour. P1140964 Nous traversons de petits villages où les gens sont tout étonnés de voir des étrangers et de sublimes paysages de rizières. P1150026
P1150049Parfois nous croisons un char à bœuf, parfois ce sont des tuctucs qui arrivent en klaxonnant.
Notre conducteur me donne une noix de bétel à mâcher. Un peu plus tard, il m’en propose une seconde et je la tends à Vineta qui voulait essayer. Malheureusement c’est un peu trop fort et elle ne le supporte pas.

A 15h, nous sommes de retour à l’embarcadère pour le retour car il nous est interdit de dormir sur place. Cette fois-ci nous montons dans un vieux bateau en bois où les gens sont entassés. Arrivés de l’autre côté nous rentrons à pied au lieu de prendre le taxi, ce qui nous fait une jolie ballade.

18 mai 2012

Quelques jours tranquilles dans le sud à Mawlamyine

Bien que nous n’ayons pas de passeport (l’ambassade de Chine les gardera 6 jours) et que l’ambassade de France nous ai dit que c’était impossible, nous décidons de partir pour le sud, munis de photocopies de nos passeports et visas..

Heureusement tout se passe sans problème, il n’y a pas de check point et on nous laisse voyager. Mawlamyine a beau être une grande ville, on s’y sent comme dans un village paisible au bord d’un grand fleuve et c’est bien agréable après Yangon. P1140779
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P1140882 P1150055 Nous assistons au brusque passage de la saison chaude à la saison des pluies. Cela fait vraiment du bien car la température dépassait souvent les 40°. Les pluies de mousson sont très abondantes et peuvent parfois durer toute la nuit. Bien sur le ciel est gris mais les températures sont agréables.

UntitledLe lendemain nous grimpons à pied jusqu’au sommet d’une colline au sommet de laquelle se trouve une célèbre roche dorée. Nous rencontrons un jeune japonais qui a décidé de fuir le style de vie japonais et le nucléaire pour vivre sa passion. Adepte d’arts martiaux, il voyage d’un pays à l’autre pour confronter sa technique de combat à celles des autres pays (boxe thai ou muay-thai, boxe birmane ou bama lethwei, kung fu en Chine). Il voyage avec un sabre et nous faisons des photos amusantes de lui. Malgré les apparences il a quand même 40 ans !

16 mai 2012

Aung San Suu Kyi

Les demandes de visas s’effectuant le matin, nos après-midi sont libres et nous en profitons pour retrouver notre ami Ko Pwint. Pendant notre absence il a participé à un atelier de photographie organisé par l’institut français. Il nous raconte les difficultés qu’il a eu à boucler son travail et dit que mercredi soir, tous les élèves présentent leurs résultats. Nous décidons d’aller soutenir notre ami.

Mercredi soir, nous arrivons à l’institut français. Nous passons par une petite cafétéria et un jardin, montons par un escalier extérieur et entrons dans la salle de l’atelier. Une quinzaine de jeunes birmans sont là, assis par terre et affairés autours de leurs ordinateurs portables dans une atmosphère détendue et sympathique. Nous sommes les seuls visiteurs et allons nous présenter au professeur.

P1140684La présentation commence : chaque série de photo est présentée sous forme de diaporama accompagné d’une bande son. Certains sont très intéressants comme l’histoire en photo d’un vendeur de tickets de bus sur une ligne où les véhicules ont plus de 60 ans ! Notre ami présente l’histoire de la dame qui prépare le thé dans sa rue. Pour d’autres le sujet sera un chômeur reconvertit en astrologue de rue, une femme de ménage de 15 ans, plusieurs enfants ou familles qui vivent des ordures ou du recyclage dans une décharge. Une série porte sur un garde du corps d’Aung San Suu Kyi, la célèbre ex-opposante au régime militaire.

Même si les photos ne sont pas parfaites, les thèmes abordés sont très émouvants car ils correspondent à une réalité que nous côtoyons chaque jour.

A la fin de l’exposé le professeur explique qu’il invitera tout le monde à boire du vin après qu’ « elle » soit venue voir l’exposition. Curieusement il emploie plusieurs fois le terme « elle » sans jamais nommer la personne. Nous pensons à un vice-consul à l’ambassadeur…

En réalité il s’agit de la célèbre Aung San Suu Kyi, « the lady » qui viendra assister à l’inauguration d’une exposition de photos ici même ! Nous revenons donc le lendemain et effectivement nous voyons de près la célèbre icône du pays débarquer dans la petite cafétéria de l’institut pour regarder une petite expo photo amateur, montée à la hâte avant son arrivée et dont le sujet n’est autre qu’elle-même ! « Elle » qui a reçu un prix Nobel et qui, par conviction, a choisi de passer de longues années enfermée, alors qu’elle aurait pu à tout moment renoncer et rentrer libre à Londres où sa famille l’attendait.

Quelques autres personnalités sont présentes comme l’ambassadeur mais personne ne s’intéresse à eux ! La star c’est « the lady » suit le professeur de photo à travers la cafétéria. Ce jour là, tellement de photos d’elle ont été prises qu’il y aurait de quoi organiser plusieurs autres expos ! Après cette petite visite, un cocktail privé est organisé dans la salle de l’atelier où nous étions la veille, et nous prenons congé, laissant nos amis avec leur professeur.

15 mai 2012

Retour à Yangon, demande de visas pour la Chine

Nous arrivons au terminal de bus de Yangon vers 4h du matin. Nous trouvons deux touristes pour partager avec nous les 8€ de taxi et arrivons au centre ville (Sule Pagoda) vers 5h. La dernière fois nous étions dans la guesthouse la moins chère de la ville (pour 10$ sans petit déj). Cette fois-ci nous montons en gamme et allons chez « Daddy’s home », une guesthouse fort sympathique, où nous avons une petite chambre sans SDB mais avec la clim et le petit déj pour 15$.

P1140023 Bien que nous arrivions à l’hôtel vers 5h30 du matin, on ne nous fait pas payer la première demi-journée. Plus tard je comprendrai que l’heure normale de check-in est généralement 6h en Birmanie. Après seulement une heure de sommeil, nous nous réveillons pour remplir le long dossier de demande de visa pour la Chine. A 9h je suis à l’ambassade française où mon nouveau passeport est prêt. Je conserve l’ancien dont les feuillets sont pleins car il comporte l’indispensable visa Birman. Pendant ce temps Vineta fait la queue à l’ambassade de Chine mais alors que je m’apprête à la rejoindre, je la vois revenir : l’ambassade de Chine est fermée !

Nous y retournons le lendemain et sommes les premiers devant la porte, bien en avance. Etant donné la fermeture de la veille beaucoup de gens arrivent, juste avant l’ouverture. Nous avons beau attendre juste devant la porte fermée, une femme vient s’intercaler dans le petit espace entre la porte et nous, pour passer la première. Les portes tardent à s’ouvrir et les birmans se comportent comme des animaux : grattant à la porte, scrutant l’intérieur de l’ambassade par le moindre petit trou, criant, tapant… je vous passe les détails. Lorsque la porte s’ouvre c’est une bousculade incroyable. Les plus vulgaires sont les gens qui travaillent pour une agence de tourisme : ils n’hésitent pas à passer devant tout le monde. Nous avons beau être arrivés les premiers on nous donne le numéro 18. Après encore une bonne heure d’attente au chaud les portes de la salle des visas s’ouvrent. Le premier arrivé au guichet est un employé d’agence. Il présente une vingtaine de demandes de visas ce qui prend du temps. Plutôt que d’attendre 18 tours je passe en force après lui faisant valoir bien haut que je suis arrivé le premier à 7h du matin. Personne n’ose rien dire.

Les pièces à fournir pour notre demande de visa n’étant précisées nulle part j’ai apporté autant de documents que possible : du compte en banque au certificat d’assurance. Mais mon dossier est refusé : « revenez avec une réservation d’hôtel et un billet d’avion ». Je crois alors que nos deux dossiers sont refusés car celui de Vineta est moins complet que le mien, mais avec surprise, je vois l’employée valider le dossier de Vineta sans discuter !

Je repars donc bredouille mais soulagé car le dossier de Vineta était beaucoup plus difficile que le mien à faire passer à cause du manque de pièces ! Je conclus qu’ils ont soit un problème avec la France, soit qu’ils décident aléatoirement d’emmerder les gens.

Le lendemain je reviens avec une fausse lettre d’invitation imprimée. Je subis un interrogatoire interminable et ce n’est que pour aller accabler un pauvre Philippin que mon interlocuteur m’abandonne laissant mon dossier accepté !

J’avais demandé un visa express (25$ de plus) mais cela m’est refusé. On me dit que ce n’est possible que pour les visas « normaux ». Pour une raison qui m’échappe ma demande de visa L touristique ordinaire est « anormale ».

4 jours ouvrés plus tard, c'est-à-dire à la veille du départ nous récupèrerons les passeports avec les visas ! Quant au pauvre Philippin, il devra réitérer sa demande à Singapour car comme pour nous à Séoul on lui demande une carte de résident en Birmanie.

14 mai 2012

Départ pour Yangon après deux jours d’attente à Kalaw

P1140610Nous sommes coincés deux nuits à Kalaw à cause d’une erreur de l’agence dans notre réservation de bus. La visite du marché local nous donne quelques idées. Nous trouvons un tailleur à qui nous faisons réaliser divers aménagements dans nos vêtements : poche secrète, système pour relever et accrocher le bas des pantalons, ourlets, etc… Nous faisons également transformer un sac à gravats classique en sac de transport discret et ultraléger pour nos gros sacs à dos.
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Je dois contacter l’ambassade de France à Yangon pour savoir si mon passeport est arrivé. Pour cela il suffit de s’adresser à l’une des ces nombreuses personnes qui attendent dans la rue en lisant leur journal devant une table où est posé un téléphone. C’est l’équivalent local de nos cabines téléphoniques, sauf quel le réseau birman est indescriptible. Je vais essayer tout de même. Pour commencer l’ambassade de France a non pas un mais 5 numéros de téléphone. La première opératrice à qui je m’adresse numérote sans interruption pendant 15 minutes sans parvenir à me connecter. Un peu plus loin, la suivante aura plus de chance mais je remarque qu’elle utilise 2 téléphones pour tenter 2 numéros simultanément. Le son est assez mauvais surtout que nous sommes au bord d’une route, et il arrive souvent que la communication soit coupée. Finalement je parviens à joindre l’ambassade qui n’a pas encore l’information : « rappelez-nous plus tard ! » mais la dame fort sympathique promet de m’envoyer un email.

Grand luxe, nous avons une chambre avec salle de bain :
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Et nous déployons une fois de plus notre moustiquaire sur le lit :
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Je termine le retard accumulé dans la rédaction du blog et le moment de partir approche.
Nous devons être à 16h30 à la station de bus (où on attend généralement 2h de plus) et nous sommes sensés arriver à Yangon vers 4h du matin. Les bus circulent tous de nuit car de jour les vieux moteurs surchaufferaient.

11 mai 2012

Deux jours de trekking dans les villages des minorités ethniques

Le bus nous laisse à 3h du matin à Kalaw. Des rabatteurs d’agences de trekking sont déjà là et ne nous lâchent pas une seconde. Nous partons à la recherche d’un hôtel bon marché accompagnés d’un australien rencontré dans le bus et partageons finalement tous les trois une chambre à 9$ au « golden Lily ».

Après 4h de sommeil et un petit déjeuner basique nous allons chez Sam, l’agence de trekking auprès de laquelle nous avons réservé (suivant les conseils de Marjo à Bagan). Après avoir payé la chambre je demande à la propriétaire où se trouve « Sam’s familly restaurant ». Elle me répond en mentant qu’elle l’ignore. J’affirme sarcastiquement qu’elle est certainement nouvelle dans ce village, mais elle me répond qu’elle est née ici. Je pars en la remerciant pour son aide et en me félicitant de ne pas l’avoir choisie pour mon trekking !

Lorsque nous arrivons dans son restaurant (3 pâtés de maison plus loin), Sam, un vieux monsieur qui inspire confiance nous accueille. Il précise bien cinq fois qu’il ne veut aucun malentendu alors qu’il va nous donner tous les détails. En réalité nous comprendrons plus tard qu’il est aussi malhonnête que les autres.

Au passage, si vous rechercher une agence de trek je vous conseille M. Than Tun (thantun55@gmail.com), un monsieur pas tout jeune, expérimenté, et très cultivé que j’aurai aimé rencontrer deux jours plus tôt (voir suite du récit). Pour un hôtel, allez au Golden Kalaw (et surtout pas au Golden Lily le voisin).

Sam nous annonce des prix en kyats, correspondant à l’euro là où nous attendions des dollars. C’est un peu plus que prévu aussi nous sommes heureux de voir arriver Sébastien et Laure-Anne, un jeune couple de Grenoble avec qui nous allons partager les frais.

Nous partons donc tous les 4 avec une jeune guide ‘July’ qui parle anglais et un jeune cuisinier. Nous laissons nos gros sacs à l’agence et partons très légers.
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La rando sera très agréable et le climat nous épargnera les grosses chaleurs. Nous commençons par traverser une forêt, puis arrivons dans des espaces cultivés par des paysans en costumes traditionnels. Nous croisons souvent des chars à bœufs.
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A chaque fois que nous croisons des enfants ils nous font de grands signes et semblent très heureux de nous voir.

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Nous traversons plusieurs villages appartenant à différentes ethnies. Chacune a son langage avec une écriture propre, ses coutumes et tenues vestimentaires spécifiques. Dans certains villages la tenue des femmes nous rappelle la région du lac Titikaka en Bolivie : jupe verte, haut rayé coloré dans les tonalités roses et un tissus de couleur vive sur la tête.
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Hommes et femmes portent une jupe, les femmes sont plus maquillées qu’en ville, mais toujours avec le même masque beige. Comme dans tout le pays elles portent d’impressionnants plateaux en équilibre sur la tête.
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Pour le déjeuner nous nous arrêtons dans un village et July trouve une maison dont nous pouvons utiliser la cuisine. Les maisons sont construites en bois sur pilotis avec le toit soit en taule soit en paille. Le rez-de-chaussée sert d’étable et est rempli de vaches indiennes avec une grande bosse sur la base du cou. Il n’y a pas d’eau ni d’électricité.
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Nous montons dans la maison et la famille nous invite à nous assoir par terre sur une grande natte dans la pièce principale. Toute la famille nous fait face et nous ne pouvons communiquer qu’à travers des sourires et des gestes. Après un moment je vais chercher July afin qu’elle traduise, nous pouvons alors commencer à échanger des questions sur nos cultures respectives.
Les familles sont nombreuses. 3 générations vivent souvent sous le même toit. L’agriculture est la seule activité de la région. P1130932 Il y a depuis peu une école secondaire mais la plupart des enfants n’étudient que jusqu’à 12 ou 15 ans.

L’après midi nous reprenons notre ballade, cette fois dans les rizières sèches (avec le manque d’eau on ne fait qu’une seule récolte ici).
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Le soir nous dormons dans nouvelle famille. La maison est similaire. Une sorte de grand puits sert à récupérer toutes les eaux de pluie. C’est là que nous nous lavons avec un seau. Comme nous l’avons vu chez les moines les gens sont très pudiques ici et se douchent habillés de leur jupe.

La cuisine est à l’étage, c’est une pièce voisine du séjour où nous dormons. Une base carrée en terre séchée permet de faire du feu alors que toute la maison est en bois. On cuisine directement sur le foyer tandis qu’au dessus un dispositif est prévu pour faire sécher des produits.

Après diner nous retrouvons la famille au grand complet dans la cuisine. Toujours à travers notre interprète, nous leur posons de nombreuses questions mais eux aussi car le jeune chef de famille est tout aussi curieux que nous.
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Il nous explique que cette maison a été construite voici déjà deux générations. Lorsque les ainés se marient ils doivent partir et construire leur propre maison, tandis que les derniers enfants restent dans la maison familiale pour s’occuper des parents.
Nous dormons bien jusqu’à ce que le coq nous réveille vers 3 ou 4h. Cet animal répètera ensuite inlassablement le même cri stupide répondant à ses congénères et je mettrai bien longtemps à me rendormir. Je hais les coqs !

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Le lendemain nous partons de bon matin et continuons notre route à travers les villages et dans des paysages de terre rouge. P1140574Finalement nous arrivons en vue du lac Inle où un bateau nous attend. On veut nous faire payer une taxe de 5$ chacun et comme le vieux Sam ne nous en a absolument pas parlé nous refusons. Nous serons poursuivis pour cela à moto à travers la ville et le pickup avec lequel nous nous apprêtons à partir sera arrêté. Ce n’est qu’à ce moment que nous cèderons. Nous repartons pour la ville de Kalaw.

Dans le bus un voisin entame la discussion dans un anglais très correct. Nous avons discuté avec beaucoup de birmans mais il est le premier à avoir une opinion claire sur les récents évènements et l’évolution de la situation du pays. De plus il a déjà voyagé jusqu’en Allemagne et contrairement à tous les jeunes que nous avons rencontrés, il rêve de voyager hors du pays, particulièrement au Vietnam.
Il est encore assez difficile pour les Birmans d’obtenir un passeport (justement cette semaine Aug san su ki faisait parler d’elle dans la presse internationale avec l’obtention de son passeport).

Nous discutons un bon moment quand il me dit qu’il a travaillé comme guide justement avec l’agence du vieux Sam ! Il travaille aussi en freelance et c’est le monsieur que je recommande plus haut.