15 février 2011

Puerto Williams, la ville la plus australe du monde

Mardi matin, nous larguons les amarres, disons adieu à Ushuaia et partons pour une belle promenade sur le canal de Beagle.
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6h plus tard, nous arrivons en vue de Puerto Williams, chef lieu de la commune du Cap Horn qui compte environ 2000 habitants.
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Puerto Williams est une toute petite ville assez pauvre avec une base navale (ce sont les militaires qui gèrent le canal) et un aéroport.
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C’est la ville la plus australe et le passage obligé pour les formalités d’entrée dans les eaux chiliennes alors toutes les expéditions pour l’antarctique et le Cap Horn passent par là.
J’imaginais une ville dans le brouillard et la neige même en plein été, d’autant que nos amis Maureen et Rodrigo qui y étaient 10 jours avant nous ont eu ce type de temps. Mais pour l’instant nous avons un soleil radieux !
Les maisons devraient logiquement être résistantes et bien isolées pour résister aux hivers froids, mais curieusement c’est tout le contraire : les maisons sont construite avec des panneaux de bois aggloméré recouvert de tôle. On les chauffe au bois, ressource abondante dans la région, et, le gaz apporté par bateau depuis Punta Arenas chaque mois sert à chauffer l’eau et cuisiner.
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Le port de plaisance est minuscule, un vieux navire fluvial allemand arrivé là on ne sait comment y a été échoué pour servir de pub et de quai d’amarrage pour les bateaux. Ce soir là nous dormons sur le bateau et passons une dernière soirée avec nos amis allemands.
Le lendemain nous passons à la mairie prendre des informations touristiques. Nous nous inscrivons pour un voyage en bateau organisé jusqu’à Puerto Toro au sud-est de l’ile dans 10 jours. Il s’agit du ravitaillement mensuel de ce village et le bateau prend des passagers, c’est gratuit. Nous repartirons ensuite avec le même bateau jusqu’à Punta Arenas. Il s’agit de la liaison hebdomadaire en ferry dont on nous avait déjà parlé. Ca coute un peu cher, 150€ avec les repas, et c’est un peu long : 36h mais il paraît que c’est magnifique. Nous avons donc 10 jours à passer ici !
En ce qui concerne les randonnées, on nous conseille le circuit de "los dientes de Navarino" qui se fait en 4 à 5 jours. Les voyageurs que nous avons rencontrés nous en ont dit le plus grand bien. Contrairement à Torres del Paine, notre dernier trek, ici, nous ne risquons pas de croiser beaucoup de monde et il n’y a aucune installation. On peu camper où on veut et faire du feu partout. Le sentier n’est pas toujours bien balisé et parfois un peu difficile. Comme nous avons du temps nous irons en plus jusqu’au lago Winhond qui se trouve tout au sud de l’ile. Ainsi nous ne serons de retour que dans 8 jours.
Comme à chaque fois nous devons laisser quelque part nos affaires inutiles avant de partir nous promener. Nous pensons le faire chez les carabinieros mais en chemin nous faisons connaissance dans la rue avec Cecilia qui va transformer notre séjour ici. Elle tient le refuge "el Padrino", en réalité une petite maison confortable et toujours ouverte en ville avec des dortoirs. Elle nous propose d’y laisser nos affaires inutiles pour toute la durée du trek. De plus nous pouvons utiliser la cuisine pour nous faire à manger, il y a du pain et des condiments à notre disposition. Tout cela gratuitement !
L’endroit est chaleureux et nous y sentons rapidement à la maison ! Nous prenons même une douche chaude et consultons des cartes plus précises que les nôtres. Un dernier conseil de Cécilia : si vous vous réveillez un matin avec la tente sous 1m de neige, ne vous inquiétez pas, ca arrive souvent ici, mais le temps change vite alors attendez une journée ensoleillée pour sécher vos affaires !
Finalement nous passons à la gendarmerie signaler notre départ, faisons quelques courses (le gros des provisions ayant déjà été acheté avant d’arriver à Ushuaia car c’était moins cher). Et ce n’est que vers 16h30 après avoir parcouru la ville dans tous les sens que nous partons en direction du début du sentier.

11 février 2011

Bateau stop d'Ushuaia à Puerto Williams, vers le bout du monde

Ça y est, nous y sommes enfin ! La dernière ville de terre de feu appelée ville du bout du monde. A tort, car de l’autre côté du canal de Beagle se trouve la ville chilienne de Puerto Williams sur l’ile Navarino. La terre de feu étant également une ile séparée du continent américain par le détroit de Magellan la dernière ville est en réalité Puerto Williams !

En tout cas c’est la dernière étape que j’aimerai faire avant de remonter vers le nord. Le top serait bien sur de passer le cap Horn ou d’aller en antarctique mais déjà, la traversée du canal de Beagle pour aller à Puerto Williams me pose un problème économique. Cette traversée de 30 minutes en zodiac est facturée 160$US !! L’aéroclub voisin propose des tarifs moins chers : 155$US à partir de 2 personnes (une bonne blague). Je trouve ça scandaleux !

Mais je n’abandonne pas et, à peine arrivé à Ushuaia, je vais au port de plaisance à la recherche d’un voilier qui voudrait bien nous y emmener car tous ceux qui vont vers le sud doivent impérativement passer à Puerto Williams pour des raisons administratives.
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Le 1er jour, pas de chance, mais le second un allemand veut bien nous emmener. Il pense partir lundi mais n’est pas sûr, alors il nous demande de revenir le lendemain pour nous informer de ses projets. Nous pensions aller passer deux jours dans le parc voisin "Tierra del Fuego" mais nous renonçons pour rester à Ushuaia. C’est sans regrets car ce parc présente assez peu d’intérêt comparé aux randos que nous pouvons faire sur l’ile Navarino où nous essayons d’aller. De plus la météo annonce de la pluie jour et nuit, nous en profiterons pour écrire nos blogs.
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Dimanche matin, nous retournons comme prévu au bateau de bonne heure. Le capitaine a décidé de partir mardi matin à 10h, mais il ne connait pas les formalités administratives pour ses passagers. Nous allons donc chercher l’information nous même au port et à la préfecture navale. En fait il faut aller tous ensemble à la préfecture navale déclarer notre sortie du territoire argentin dans les 6h qui précèdent le départ du navire. Lorsque nous revenons au bateau pour informer le capitaine il n’y a personne à bord. Nous attendons un moment dans le froid puis rentrons. Il faudra revenir lendemain.
De retour au camping, nous nous réchauffons en cuisinant de bons petits plats dans le refuge. C’est une grande cabane en bois chaleureuse avec un poêle à bois et une cuisine au gaz que nous pouvons utiliser librement. Il y fait chaud et il y a toujours une bonne ambiance. Nous apprécions beaucoup ce confort après tellement de soirées passées à cuisiner dans les bois où parfois sous la tente !
Lundi matin nous retournons au port mais cette fois nous n’arrivons pas les mains vides. Nous achetons en chemin des viennoiseries (argentines) pour l’équipage allemand qui nous invite à prendre le petit déjeuner à bord. C’est ainsi que nous faisons connaissance avec Jens, le capitaine, qui a 49 ans et vit seul sur ce bateau depuis 8 ans. Quant à Manfred, plus âgé, il a fait deux fois le tour du monde sur un bateau ultra moderne (www.larossa.de) et ils voyagent ensemble jusqu’au Cap Horn.

10 février 2011

Auto stop en Terre de Feu jusqu'à Ushuaia

Le lendemain matin, pour la seconde fois nous faisons du stop à la sortie de Porvenir pour San Sebastian (à seulement 150km). Mais nous avons moins de chance que la veille et après 3h d’attente quelqu’un qui arrive en sens inverse s’arrête et propose de nous conduire sur une autre route, beaucoup plus longue mais plus fréquentée, car c’est par là que passent tous les camions qui viennent en terre de feu.

Au début la situation se débloque : un minibus nous emmène un peu plus loin, ensuite un camion nous dépose sur la fameuse route internationale (une piste en réalité) où tous les camions sont censés passer. Nous avons fait beaucoup de chemin pour venir ici et nous sommes toujours à 100 km de San Sebastian mais aucun camion ne passe.

Ce n’est qu’après 2h qu’une voiture s’arrête et propose de nous déposer à une estancia voisine. Puis une voiture venant de cette estancia nous dépose jusqu’à la suivante. Nous sommes bloqués de nouveau à seulement 50km de San Sebastian mais personne ne s’arrête.

Finalement un jeune nous prend, il va dans un village un peu plus loin que San Sebastian mais nous dépose à la frontière ou il pense que nous pourrons camper plus facilement. Après avoir discuté avec des routiers au poste frontière, je décide de passer la nuit à la frontière côté argentin. Une famille nous y dépose.
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Les douaniers argentins sont très sympas et alors que nous cherchons un endroit pour camper, ils mettent à notre disposition une pièce chauffée avec une cuisine. C’est mieux que dans un camping ! Nous dinons et dormons là, bientôt rejoints par deux backpackers chiliens.

Le lendemain après le petit déjeuner nous nous installons sur la route et allons parler à chaque véhicule qui a suffisamment de place. Notre but est d’aller directement jusqu’à Ushuaia pour éviter de se retrouver à nouveau au bord de la route, mais tout le monde s’arrête à Rio Grande. Au bout de 3h, un routier sympa insiste pour nous conduire à Rio Grande, la ville intermédiaire. Nous allons avec lui et, en route, il nous apprend tout sur la préparation du maté et sur sa région, la Terre de feu.

Il nous dépose à Rio Grande où nous essayons en vain d’arrêter une voiture. Une heure plus tard, quelqu’un s’arrête pour nous conseiller de marcher jusqu’à la sortie de la ville, 5 ou 10 km plus loin ce que nous entreprenons de faire.

Alors que nous marchons depuis un moment, quelqu’un s’arrête spontanément pour nous avancer jusqu’au contrôle de police à la sortie de la ville. C’est l’endroit idéal pour faire du stop en Argentine car tous les véhicules s’y arrêtent !

Rapidement, un couple sympa nous conduit jusqu’à la petite ville suivante, à 80km de là. Après avoir discuté un peu avec eux, nous nous endormons, vraiment fatigués.

Nous ne sommes plus qu’à 100km mais notre objectif semble inatteignable, les voitures arrivent très vite et ne s’arrêtent pas. Nous essayons plusieurs endroits en ville, puis marchons quelques km et attendons longtemps. Au moment ou nous n’y croyons plus, une voiture s’arrête enfin. Mario, un jeune sympa nous conduit jusqu’à Ushuaia !
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Vue sur la ville avec les montagnes derrières. C'est d'ailleurs pas très loin que nous nous installerons car notre camping est en hiver une piste de ski !
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09 février 2011

Les pingouins empereurs (ou manchots royaux)

Pour aller à Ushuaia, notre prochaine étape, nous avons 3 options : l’avion (100€ chacun), le bateau (140€ chacun, 36h mais il parait que c’est magnifique), ou le bus (50€ chacun et 10h). Nous irons finalement en stop pour faire des économies.

Mercredi nous partons donc pour Ushuaia. Nous traversons d’abord le détroit de Magellan en bateau pour arriver en Terre de feu à Porvenir vers 17h. De là, nous allons essayer de rejoindre la frontière argentine à San Sebastian (à 150km seulement). Une première voiture s’arrête, c’est un cow-boy dans un pick-up, sa selle et ses deux chiens à l’arrière. Il va travailler dans une estancia (l’une de ces fermes qui élèvent des animaux sur une ou plusieurs parcelles de 4000 hectares). Il nous dépose 100km plus loin, à un croisement au milieu du désert.
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Bientôt une nouvelle voiture s’arrête. Ce sont deux jeunes dans un 4x4 : Nano et Claudio. Ils sont très excités car ils vont voir des pingouins et nous proposent de les accompagner. Ce n’est qu’à 4km et ils proposent de nous raccompagner après à l’endroit où ils nous ont pris. Il est tard et nous avons encore 50km à faire sur une route déserte mais d’un autre côté il s’agit de voir des pingouins empereurs (en réalité des manchots empereurs sans liens de parenté avec les pingouins), très rares. Nous partons avec eux.

Nous roulons un long moment à la recherche de la colonie et finalement, en coupant à travers champs, nous arrivons juste en face des pingouins, tout près d’eux mais séparés par une petite rivière.
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Cela ne suffit pas à notre ami Nano qui veut partir à la recherche d’un passage. Nous rebroussons chemin, retournons à la route et longeons la propriété où se trouvent les pingouins. Bientôt nous arrivons à une porte cadenassée, mais cela ne l’arrête pas. Nous allons jusqu’à l’estancia des propriétaires où Nano va demander la clef. Il revient 10 minutes plus tard, triomphant.

Nous passons la barrière, puis une seconde et bientôt le 4x4 arrive sur la plage, et traverse une petite rivière. Finalement nous nous retrouvons en tête à tète avec les pingouins !
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Les manchots empereurs sont les plus grands et les plus lourds de tous les manchots. Ils atteignent 122cm et pèsent entre 20 et 40kg. Ils sont très beaux avec leur col jaune et peuvent vivre jusqu’à 50 ans !

Après un moment avec les pingouins, nous reprenons la route mais en chemin un pneu du 4x4 crève. Le temps de le changer et de repasser à l’estancia pour déposer les clefs, il fait nuit.

Nous essayons d’arrêter des camions mais de nuit ils ne prennent pas de risques avec les autostoppeurs. Comme il y a beaucoup de vent et aucun abri, nous décidons de rentrer avec Nano à Porvenir et, vers 1h30 du matin, il nous dépose dans un champ où nous pouvons camper.

Cliquez ici pour afficher le diaporama complet.
Voici une petite vidéo :

08 février 2011

Les pingouins de Magellan sur l'ile Magdalena (manchots de Magellan)

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Mardi nous prenons le bateau pour l’ile Magdalena qui se trouve à 35km de là sur le détroit de Magellan, pour observer une colonie de pingouins de Magellan (en réalité ce sont des manchots, animal sans lien de parenté avec le pingouin auquel il ressemble). La colonie est immense, il y a environ 69000 couples.
Ils sont tout petits (76cm maxi) et pèsent entre 4kg et 4,5kg. Ils sont revenus en septembre sur cette ile où ils sont nés, ont pondu en octobre et les œufs ont éclos en novembre, 40 jours plus tard.

Nous arrivons juste à la période où les petits commencent à devenir indépendants. On les reconnait facilement à leur plumage gris clair :
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En avril ils repartiront en haute mer. Leur vision est très mauvaise, c’est pourquoi ils viennent à cette époque où la durée d’ensoleillement maximale leur permet de pêcher plus facilement, de plus il est plus facile pour eux de pêcher dans les eaux froides où leurs proies se déplacent moins vite. Ils sont très fidèles et les couples ne changent pas. Ils poussent de grands cris en se dressant vers le ciel.

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Et voici une vidéo :

06 février 2011

Punta Arenas

Nous arrivons en bus à Punta Arenas mais comme c'est dimanche, les deux bureaux d’information touristique sont fermés. Heureusement un camping est indiqué dans nos guides.

C’est un hostel avec un minuscule jardin pour les campeurs.
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Ca nous parait d’abord un peu sinistre mais le propriétaire est vraiment sympa et il met sa cuisine et ses ordis à notre disposition. Nous passerons des moments très sympas chez lui où nous rencontrerons beaucoup de français de passage. De plus il est une véritable mine d’informations pratiques et touristiques. Il nous donnera plein de conseils pour la suite de notre voyage en Terre de feu.

En apprenant qu’il y a une zone franche, nous déciderons d’y acheter un petit ordinateur : un netbook samsung entre 200€ et 250€, compact et léger (1kg). Ce sera bien pratique pour écrire nos blogs, préparer la suite du voyage et surtout charger les photos sur Flickr. Le lendemain, lundi, après avoir passé la matinée dans la zone franche pour effectuer cet achat, nous passons l’après midi dans un service technique Panasonic à qui j’ai commandé deux semaines plus tôt un écran de rechange pour l’appareil photo. Malheureusement ils ne l’ont pas reçu et, après avoir passé beaucoup de temps sur la machine, le technicien n’arrivera pas à faire mieux que moi.